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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Vic + Flo ont vu un ours
/ 2012
04.09.2013
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LES BELLES ET LA BETE
"- J’ai tellement pleuré en t’attendant…
- Mais je suis là !"
Imaginez un conte de fées complètement décalé, où deux princesses se réfugient dans une cabane au milieu des bois (château improvisé ou dangereux repère de sorcières), sous la surveillance bienveillante d’un Prince Charmant un peu coincé, et dans le collimateur d’un méchant monstre tapi dans l’ombre. Une version noire, grinçante et non censurée des habituelles histoires destinées aux enfants, que Denis Côté s’amuse à décliner dans leur forme la plus brute.
Formellement, d’abord, avec des plans fixes très épurés, des champs contre champs appliqués, et une bande son faite de percussions presque oppressantes. Dans ses dialogues, ensuite, qui manient l’ironie comme une arme de précision. Les situations, improbables, contrastent avec ces échanges très écrits, comme des joutes verbales d’une vivacité redoutable. Le film ne met jamais réellement cartes sur table, oscillant entre la farce, la comédie romantique et la tragédie antique mâtinée de thriller glauque. Le réalisateur joue avec les codes de ces différents genres, et les dynamite à sa manière en cherchant plus l’effet de surprise que celui de réalité ou de logique.
Le film pose alors indéniablement la question de la singularité à tout prix en basculant ouvertement dans un décalage un peu gratuit. Son plan de fin flirte ainsi avec le grotesque et donne l’impression que le réalisateur n’a pas su où s’arrêter. Maladroit, sans doute, mais il est réconfortant de découvrir un cinéma qui sort des cadres établis, et qui pousse sa recherche formelle et scénaristique dans ses retranchements. A tout prendre, il est toujours plus fascinant de découvrir les imperfections audacieuses d’un auteur qui ose (et se plante), que les platitudes réussies d’un bon élève qui se contente d’appliquer les recettes toutes faites d’un cinéma calibré et interchangeable.
MpM
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