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SUR LES QUAIS
Claire Simon s’est attaqué à un projet ambitieux, huis-clos chorale, entre portrait sociologique, aventure romanesque et métaphore de la mondialisation, où l’on peut croiser ceux qui étaient autrefois des étrangers.
Une gare c’est un lieu où l’on n’arrive pas par hasard, mais c’est aussi l’endroit de tous les départs. Un endroit cosmopolite. La réalisatrice ne manque pas d’ambitions dans ce film. On peut regretter quelques séquences superficielles, mal agencées, qui rendent le récit irrégulier. Mais nous prenons aussi un véritable plaisir à observer ce carrefour de voyageurs, familier, où le mouvement perpétuel anime finalement ce théâtre fermé.
Entre gris clair et gris foncé, la lumière l’emporte : les acteurs rayonnent, les portraits nous captivent. Nicole Garcia en fantôme de la gare du nord, il y a quelque chose de Belphégor, version cougar. L’amour foudroyant côtoie la mort lente. Pourtant, on reste parfois à quai, tant le film, trop écrit, ne parvient jamais à se détacher de sa construction trop réfléchie.
On aurait aimé plus de pulsions, de sensations. Finalement, c’est l’aspect documentaire qui intéresse le plus. Le portrait de ce ventre parisien qui absorbe, digère, recrache, vomit même les habitants et les touristes, sorte de parabole de notre société, intrigue plus que le prétexte qui sert de fil conducteur. Les petits boulots, les SDF, les paumés et autres voyageurs fréquents coexistent comme dans une immense Babel.
Cela donne un roman de gare, au sens littéraire du terme, qui nous renvoie en miroir une carte d’identité de notre époque. Qu’on vienne de banlieue ou qu’on soit dans l’attente du grand départ.
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