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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Chaque jour que Dieu fait (Tutti i santi giorni)
Italie / 2013
04.09.2013
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L’ANGE ET SA MUSE
« Avant toi, il n’y avait que la branlette.»
Chronique générationnelle dans une Italie contemporaine qui a du mal à rompre avec ses traditions et ses conventions (mariage, famille, catholicisme), Chaque jour que Dieu est comme un épisode d’Orphée et Eurydice. L’amour idéal ne résiste pas très lontemps aux entourages, au passé, aux difficultés du présent et la musicienne se retrouve de nouveaux aux enfers. Bien nommé, Guido, le guide, vient la recherchée.
Le film de Paolo Virzi tient sa force de ce couple aussi harmonieux que mal assorti. Il est érudit, littéraire, instruit, réservé et humble. Elle est instinctive, ignorante, chanteuse, expansive et grande gueule. Il travaille de nuit, elle travaille de jour. Le trait d’union est un rituel sans cesse répéter : éphéméride au réveil, sexe et petit déjeuner. Tous les deux communient par le corps, le cœur et une approche similaire au monde : dans le rejet sage du conformisme ambiant, dans l’aspiration normale de fonder une famille. L’un et l’autre se sont sauvés mutuellement en se rencontrant. Ils veulent donc transcender ce moment de bonheur.
Eternel voyage, la vie réserve quelques escales malvenues. Lui qui travaille dans un hôtel et elle pour des locations de voitures sont aussi sédentaires que le monde est mobile. Ils se contentent de leur cocon. Hélas, l’idée d’agrandir le cocon va gâter les choses. Après avoir posé les fondements de son film dans un contexte banalement italien (la « famiglia », les superficiels incultes…), Virzi s’embarque dans une épopée presque burlesque : la Procréation médicalement assistée (PMA), de loin la partie la mieux maîtrisée du film. Le parcours de cette PMA est un mélange d’absurde et de tragicomédie humaine. Le couple est alors à son summum, fusionnel, passionnel, en osmose.
Le film oublie cette légèreté, et même une certaine inspiration, en revirant dans le drame. A trop contraster les atmosphères, le cinéaste manque le difficile équilibre qui forme souvent la grâce des comédies anglaises, entre rire et émotion. Dès que les deux comédiens – sympathiques, beaux et attachants – sont séparés à l’écran, Chaque jour que Dieu faitperd son intensité et son attrait.
Après une heure où la romance mixait parfaitement le cul, le cru, la sensibilité et le charme ensoleillé de la « dolce vita », la noirceur l’emporte trop abruptement, le sérieux aussi. L’émotion ne nous atteint plus comme avant. Plus convenue, l’histoire se rattrapera avec un final lumineux mais trop banal pour nous faire espérer qu’un autre chemin est possible pour accéder au bonheur.
vincy
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