Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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No Pain No Gain


USA / 2013

11.09.2013
 



DOUBLE PEINE





Entre deux destructions massives à coups de robots géants (Transformers), Michael Bay s’est octroyé une petite récréation récréative aussi régressive que grossière. De fait, le film n’échappe pas à l’exubérance du réalisateur de The Rock qui, de toute façon, ne prend plus aucun gant pour filmer ses histoires. Après sa trilogie triomphale estampillée Hasbro (les gros robots), le bonhomme fait à peu près ce qu’il veut. Alors quand il s’agit de mettre en boite un petit film de 26 millions de dollars narrant l’histoire vraie d’une bande de trublions bodybuildés décérébrés capable de kidnapper, torturer et tuer son prochain pour toucher au rêve américain, il s’en donne à cœur joie. Quitte à lâcher les chevaux sans discernement ni sens de la mesure. En somme, il fait ce qu’il sait faire de mieux : divertir.

Problème. No Pain No Gain est à l’image de son premier plan face caméra sur le visage bouffi, dents serrées, bave en coin de Mark Wahlberg : tape-à-l’œil. Au point de ne laisser planer aucun doute sur la démarche d’un "yes man" incapable d’offrir autre chose qu’une farce noire totalement gratuite puisqu’orpheline d’ironie malgré les quelques bons mots lâchés, ça et là, par les différents protagonistes. La voix off (encore une !) n’apporte rien et surtout pas le crédit nécessaire pour faire de cette fiction ordinaire d’un fait divers sordide, une aventure cinématographique palpitante sur les excès de cette Amérique du « maître dollar » coincée entre mauvais patriotisme et libéralisme meurtrier.

Si les trois corniauds nous font rire par intermittence (Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Anthony Mackie), ils ne peuvent sauver le film de la caricature « Mtvisé » où plane cette impression bizarre de se retrouver à regarder un clip étalé sur près de deux heures. Alors oui, No Pain No Gain est rock’n’roll tout comme il éructe sans gêne sa prétention du bis, de l'irrévérence facile pour emballer dans la fureur de ralentis peu appétissants une comédie macabre à la coque vide.

À vrai dire, l’erreur de Michael Bay ne se trouve pas dans son parti-pris esthétique – très discutable –, mais dans sa volonté d’insister constamment sur le caractère véridique d’une telle histoire. Peu importe, alors, la façon dont il la met en boite étant donné qu’il ne se place jamais dans la peau d’un auteur capable – s’en en modifier les faits – d’en tirer une satire aussi subversive que corrosive. Au lieu de cela, la mise en scène ne cesse d’exulter l’enchaînement mécanique de scènes chocs pour le coup bien trop démonstratives. L’idée d’image miroir déformant d’américains moyens bouffés par le culte du corps, de la réussite personnelle ou de l’appât du gain coule à pic.

Ce monde à part, celui du culturisme, à une époque donnée (années 90), n’est sans doute pas assez approfondi pour comprendre la mécanique bien particulière qui les aura poussés à franchir le rubicond d’un kidnapping foireux dès le départ. Reste deux ou trois scènes réussies dont celle où Daniel Lugo (Mark Wahlberg) prend lieu et place dans la maison bourgeoise de l’homme qu’il a kidnappé. Son rêve – américain – de respectabilité sociale se réalise enfin. C’est incongru, ironique même si bientôt rattrapé par la réalité des événements.

Là, Michael Bay fait mouche. Mais c’est bien peu. En somme, il ne suffit pas de mettre des couleurs bariolées, quelques paires de nichons et des lignes de coke via des cadrages saccadés pour toucher la cible !
 
geoffroy

 
 
 
 

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