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HERITAGES
Fred Schepisi a connu un grand apssage à vide, ne réalisant aucun film entre 2003 et celui-ci en 2011. L’œil du cyclone signe donc le retour d’un cinéaste autrefois prometteur avec des films aussi divers qu’Iceman, Roxanne, La Maison Russie, Six degrés de séparation ou la suite d’Un poisson nommé Wanda. En associant le mélodrame familial, le portrait quasiment shakespearien d’une famille qui se désagrège et le film noir, il prend des risques, et, finalement, surmonte tous les obstacles.
L’œil du cyclone hypnotise avec peu d’effets. Il nous avale comme le personnage de Charlotte Rampling dévore son entourage. Subtilement, sans être outrancièrement explicite, il suggère comment cette vieille femme aux portes de la mort, amnésique par instants, perdant clairement la tête, irascible, capricieuse, généreuse, égoïste, castratrice, et pourtant si suave, est devenue ce qu’elle est, depuis la Shoah (évoquée) à ce cyclone qui lui fit perdre légèrement la raison, en passant par la mort de son mari.
En parallèle, le film dresse deux séries de portraits : les enfants, adultes inaccomplis, dépendants psychologiquement de leur génitrice, cherchant chez elle reconnaissance et bienveillance ; et son entourage du quotidien – infirmière, cuisinière, notaire… - qui hésitent à profiter de ses absences mentales.
Plus simplement, Schepisi révèle une « aristocratie » puérile, impuissante et incapable d’exprimer ses sentiments ; et un prolétariat loyal, éthique, en quête d’une ascension aussi illusoire qu’elle est attendue.
Mais loin d’un classique académisme, le réalisateur parvient à réaliser un film aussi oppressant que baroque (un peu trop parfois) où la rédemption n’a pas de place, mais l’apaisement peut être une issue salvatrice. Avec ses flash-backs presque oniriques, illustrant l’esprit qui vogue vers un passé qu’on refuse d’oublier, et une voix off qui enrichit l’image de réflexions plutôt que d’illustrer la scène, il a été assez inspiré pour nous emmener dans une œuvre singulière où l’héritage génétique est maudit quand ‘autres ne pense qu’à l’héritage financier. Atrocement immoral ou délicieusement humain (dans sa face sombre), presque chabrolien, le film ne dupe jamais le spectateur : l’amour ici est impossible, il n’est qu’un vague souvenir, idéalisé, un but inatteignable quand une mère préfère humilier qu’embrasser.
vincy
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