|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
L'humanité
France / 1999
27.10.99
|
|
|
|
|
|
DIFFERENCES
L'ennui selon Saint Dumont. Tel est le sous titre du film, qui navigue entre Bresson et Tarkovsky. Le film est inexorablement lent, long, lassant. Il sera donc très facile de souligner les défauts de cet Humanité. Mais il faudra aussi rendre justice à ces personnages qui ne méritaient pas les moqueries d'une presse intolérante. Ce malaise du spectateur ne peut que nous faire réfléchir à ce que l'image lui montre.
Dumont a prolongé les excès de son précédent film. de la baise crue. Des sexes de femmes en gros plans. Une laideur du paysage. Aucun esthétisme. La musique est rare. Et le scénario mal aboutit. Radical, sans concession, l'oeuvre frôle les Pialat les plus épurés et les Rivette les moins stylisés. Il manque cependant l'humour d'un Poirier, ou le charme d'un Zonca. Ceci pour vous donner une idée.
Ce naturalisme - ce campagnardisme même -, ce crime (hélas) banalisé (par l'image même qu'ne fait Dumont), ce manque d'émotion rendent le film distant, froid, et désintéressant. D'autant qu'on ne peut se raccrocher à aucun des personnages. Ils sont tellement réels que la magie du cinéma n'opère pas. Quant à l'intrigue (une enquête policière), elle transforme le film en oeuvre involontairement risible.
L'Humanité c'est un policier, paumé, désespéré, presque pathétique, intègre mais pas doué, un peu demeuré; un homme qui aime tout le monde, qui est un néant intellectuel, qui souffre de chaque malheur. Ce flic pas comme les autres a perdu femme et enfant. Il est lui-même un grand enfant, symbolisant la naïveté (l'utopie?) du film.
Le film est tout sauf cynique. L'impression que Dumont croque la vie amèrement. C'est un film anti-cons, qui pardonne tout à tous. Dumont fait de son personnage un martyr incompris, sans le glorifier, et donc sans le défendre. Son regard clinique et observateur aurait pu retenir notre attention, si son film ne durait pas aussi longtemps, si un rythme avait existé, si les plans inutiles avaient été coupés, et si la mise en scène l'avait moins joué "temps réel".
Il pousse un cri. Il exhibe la folie du monde, et la tendresse humaine. Serait-on névrosés à ce pont là? ce manque d'affection est-il si flagrant? Au delà de ce que l'on voit, il y a ce que Dumont essaie de nous montrer. On est partagé entre l'admiration d'un cinéma niais, épuré, un film d'auteur qui ne pense pas au spectateur, et le rire face à un message totalement décalé.
L'Humanité aurait du nous faire prendre conscience de notre souffrance. Au lieu de cela, à force de trop vouloir se marginaliser, Dumont nous fait souffrir. On prend pitié si on est humain, ou on se moque. vincy
|
|
|