Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Blue Jasmine


USA / 2013

25.09.2013
 



L'ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR, MAIS IL Y CONTRIBUE

Le livre Bye Bye Bahia



Woody Allen nous donne rendez-vous chaque année pour un nouveau film, et ses mélodies jazzy en ouverture de générique sont à chaque fois un délicieux moment avant de découvrir quelle nouvelle histoire il va nous raconter. On sait bien évidement que ça va parler de gens qui ne se sentent pas à leur place dans ce monde qui tourne trop vite, qu'ils se lancent à corps perdus vers une déprime générale et que pour l’amour c’est de toute façon ‘compliqué’. Dans un avion en provenance de New-York, on découvre une bourgeoise larguée qui va se réfugier chez sa sœur populo à San Francisco : c’est la crise. Une crise financière qui ravive une crise familiale et exacerbe une crise d’identité pour Cate Blanchett devenue Blue Jasmine.

L’ami Woody radote parfois comme avec Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu ou To Rome with love, ce genre de film choral en chassé-croisé où une multitude de personnages occupent l’écran à se raconter des anecdotes pour dissimuler que le scénario ressemble à une mauvaise blague. Même Minuit à Paris dont l’affiche en ouverture de Festival de Cannes lui a fait connaître un joli petit succès au box-office américain semblait plutôt une parenthèse un peu creuse. Mais soyons indulgent : un génie aussi prolifique ne peut pas toujours être au sommet. Un malentendu à croire que le plus new-yorkais des réalisateurs avait trouvé une cure de jouvence en tournant ses films en Europe, avec les deux belles surprises de Vicky Cristina Barcelona et Match Point, mais il n’en est rien. La plus grande force de Woody Allen a toujours été d’exprimer ses observations ironiques sur la fragilité du couple : Maudite Aphrodite, Anything Else et Whatever works filmés chez lui aux Etats-Unis sont autant de variations d’une même histoire entre lui névrosé et une jeune femme fantasque.

Ce n’est pas une surprise que l'ambition de Woody Allen (comme chez tant d’autres cinéastes) est de réussir un film moins à propos de l’Amour mais plus à propos de la Femme (comme lors de sa grande époque où ses muses étaient Diane Keaton et Mia Farrow). Sa dernière tentative a été plutôt mollement accueillie avec Melinda et Melinda, soit l’histoire d’une femme avec deux vies parallèles. Une nouvelle variation plus ancrée dans le réel sera cette fois une réussite avec ce nouveau film Blue Jasmine.

Woody Allen oppose la vie mondaine et factice d’un New-York replié sur soi avec une vie plus bohême et imprévisible d’une San Francisco ouverte sur les autres. Jasmine est prise dans une spirale de chute autant financière que sociale, et les divers médicaments qu’elle avale pour se sentir un peu mieux lui donnent juste l’envie de ne pas être comme sa sœur, simple caissière qui s’amourache du premier venu. A la recherche du bonheur perdu, sa seule échappatoire serait de rencontrer de nouveau un homme riche… Woody Allen montre une femme qui n’est jamais forte ni autonome, elle est constamment dans une position de dépendance (à un faux prénom, la fortune d’un homme, aux médicaments, aux vêtements à la mode…) pour essayer de vivre une autre vie idéalisée. L'attirance d'un bonheur virtuel. Le film balance entre sa nouvelle situation au contact de sa sœur et entre différents flashbacks de son autre vie d’avant où elle se mentait sur les différentes tromperies de son mari. Et toute la subtilité de l’histoire est de ne pas que opposer les deux sœurs aux vie en apparence si différentes. Au fur et à mesure, on se rend compte qu’elles ne sont pas si éloignées l’une de l’autre (juger un homme comme un bon parti pour s’élever socialement) et qu’elles se ressemblent plus que ce qu’elles croyaient.

Blue Jasmine est le portrait d’une femme complexe, et Woody Allen une fois de plus a su trouver le casting idéal. Il y a bien sûr quelques hommes de passages (Alec Baldwin, Louis C.K., Peter Sarsgard…), et dans le rôle de la sœur la toujours parfaite Sally Hawkins. Le rôle de Jasmine est presque un double-rôle (la femme qu’elle était et la femme qu’elle est devenue) voir même un triple rôle (la femme qui change). Cate Blanchett se révèle véritablement impériale : déprimée déséquilibrée, manipulatrice malheureuse, battante attendrissante. On n'a pas vu Cate Blanchett aussi impressionnante ni un Woody Allen aussi caustique depuis longtemps, Blue Jasmine est déjà pour eux deux l'un de leur meilleur film. Et une raison de tomber amoureux...
 
Kristofy

 
 
 
 

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