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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sur le chemin de l'école
France / 2013
25.09.2013
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PETITS MAIS COSTAUDS
«- Il faut s’accrocher si on veut étudier. »
Sur le chemin de l’école n’est pas un simple documentaire : il s’agit de quatre épopées. Tout part d’un postulat oublié dans nos pays : « On oublie trop souvent que l’école est une chance ». De là, quatre itinéraires, quatre odyssées. Un frère et une sœur qui parcoure la savane kenyane, en marche rapide, évitant éléphants et girafes. 2 heures pour faire 15 kilomètres. Trois copines dans le Haut-Atlas marocains qui souffrent sur les sentiers rocheux avant de faire de l’autostop pour rejoindre leur foyer : 22 kilomètres en 4 heures. Ou ce jeune « gaucho » et sa petite sœur qui traversent la Patagonie argentine, à cheval pour atteindre leur école à 18 kilomètres, en une heure et demie. Et enfin trois jeunes frères indiens, dont l’un en chaise roulante de fortune, qui doivent marcher (et pousser le fauteuil) durant 4 kilomètres, en une heure et quart.
Il faut vouloir aller à l’école ! Leur obstination est à la mesure de leurs rêves : s’affranchir de la pauvreté ou faire le métier qu’ils ambitionnent.
Leur chance est sans aucun doute de voyager à travers des paysages somptueux. L’image du documentaire est sublime et nous transporte dans un de ces spectacles d’autrefois où le cinémascope faisait encore merveille pour stimuler notre désir d’exotisme. La musique, qui s’accompagne de subtilités du pays visité, joue son rôle lyrique pour nous transporter. Sans voix off, se reposant uniquement sur les événements qui surviennent durant les trajets, le film nous happe avec quatre aventures très différentes, qui, pourtant, semblent identiques : la détermination des gamins à affronter la nature et finalement l’aléatoire, leur responsabilisation précoce qui les rendent si autonomes, le courage et l’énergie déployés pour aller apprendre à compter, lire, écrire…
Ce morceau de cinéma « documenté » ou « réel » tient aussi beaucoup à son casting : 10 enfants – quatre rôles principaux et leurs accompagnants – perdus au milieu de nulle part (Argentine, Kenya) ou devant affronter un relief hostile (Inde, Maroc). Pascal Plisson les laisse rire, s’engueuler, s’angoisser, s’inquiéter, se parler… Et surtout ils marchent, ils chevauchent, ils roulent. La caméra au ras du sol filme les outils les plus précieux de ceux qui veulent remplir leurs têtes : les pieds, les sabots, les roues. Cette différence d’angles de vue apporte une variation de perspective qui dynamise le simple regard sur ces gamins sans peurs. A cela s’ajoutent de petites incidents de parcours pour épicer les récits.
On pourra regretter que tous les dialogues ne soient pas bien traduits. Que tout soit trop innocent et bienveillant. Mais un film dénué de cynisme et absolument sincère ne fait pas de mal quand, en Occident, l’apprentissage du Savoir est devenu une corvée ou un calvaire, selon que l’on se place dos ou face au tableau.
Sur le chemin de l’école a la candeur des livres où le monde paraît encore beau et plein d’avenir, tel qu’on se l’imagine quand on est enfant. En se mettant à leur hauteur, le réalisateur filme surtout des relations fraternelles (ou amicales dans le cas de Zahira) qui débordent d’amour et d’affection. Au moins, cela rend optimiste.
vincy
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