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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Diana
Royaume Uni / 2013
02.10.2013
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LA CHUTE
« Je suis une Princesse. J’obtiens ce que je veux. »
S’attaquer à une icône moderne n’est jamais évident. En décrire sa chute est assez casse-gueule. Proposer un angle romanesque digne d’un livre édité par Harlequin et on peut vite sombrer. C’est hélas ce qui arrive à Diana. Non pas que Naomi Watts soit mauvaise (elle en a l’allure, la démarche, l’accent) mais elle ne parvient jamais à nous faire croire à la Princesse de Galles, comme si nous n’étions pas capable de voir la femme qui était derrière la personnalité publique.
L’audace, l’unique audace, de ce mélodrame repose sur la scène d’ouverture : le Ritz, ses couloirs, et un son trafiqué pour nous entraîner dans un vertige, de courte durée. Pour le reste c’est Coup de foudre à Notting Hill, sans l’humour. Une « star » tombe amoureuse d’un « lambda » et plaide qu’elle est une femme avant d’être un people.
Princesse destituée, isolée, traquée, manipulant les paparazzis à sa guise, le portrait n’est pas si flatteur. Peut-être même apparaît-elle comme plus « humaine » qu’intelligente. Ce "Inside Diana", femme sous pression prête à tout pour conquérir son chirurgien (jusqu’à faire le ménage et la vaisselle, gasp !) séduit largement moins que la Lady qui se bat pour la lutte contre le Sida ou le déminage en Afrique. Avec sa psychologie de pacotille, le film dessine le visage d’une fille normale (avec quatre portables) sans trop s’attarder sur son impact public et politique. La voici dominatrice et soumise, sorte de nouvelle de Beauvoir.
Cela devient vite ennuyeux. Baigné dans l’eau de rose, enlisé dans son sirop, le film est à l’image de son héroïne : une midinette en détresse permanente. Un rêve de gamine où l’on voyage de Lahore la bienheureuse à Sidney, de New York à coup de Concorde à la riviera italienne. Pourtant c’est bien en lionne que Watts incarne le mieux Diana - et que Diana se révèle plus crédible, du même coup - mais le cinéaste préfère se concentrer sur la femme amoureuse.
Sans savoir si l’on assiste à une mystification, de celle qui revisite l’Histoire de N pour mieux nous faire croire à l’histoire d’A, on constate juste que rien de tout cela n’est palpitant. La mise en scène jubile avec ses voyages, l’actrice tente d’apporter des nuances, se durcissant avec l’expérience. Mais rien ne nous atteint. Tout sonne creux dans cet amour impossible où l’on se laisse balancer de ruptures en réconciliations multiples et lassantes.
Tout est appuyé : elle qui a su se libérer, lui qui reste emprisonné dans ses schémas. Elle qui apprend l’improvisation comme une partition de jazz et lui qui ne sait qu’apprécier le jazz. Lui qui sauve les cardiaques mais ne sait pas panser le cœur de sa bienaimée. Cette fille rejetée par tous avait donc un destin fatal : un tunnel sans sortie. La faute au prince charmant pas si charmant ? La faute à la folie d’un monde qui la désincarnait ? La faute à son passé trop pesant ?
Où est le divan ?
Cette histoire de cœurs brisés, de bonheur impossible, de Juliette qui s’empoisonne sans que son Roméo ne puisse la guérir tout cela fait toc. Les bijoux de la princesse sont de pacotille. Et le film, dénué de tensions, ne nous arrache aucune larme. Triste fin.
Vincy
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