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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Room 514 (Room 514)
/ 2013
09.10.2013
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GARDE À VUE
La démarche est construite. Intellectuellement comme visuellement. Osée, plutôt intelligente, même si parfois borderline, celle-ci se tisse dans un rapport de force délicat ou l’intime conviction se heurte à l’idée d’intérêt général. Le temps de la confrontation rythme cette valse des corps marqués par l’antagonisme des pensées exprimées. Room 514 est un huis clos tragique sans échappatoire, sorte de condensé complexe sur la situation du conflit israélo-palestinien dans les territoires occupés. Car Anna, enquêtrice militaire dans le cadre de son service obligatoire, est une idéaliste convaincue au service de la vérité. Celle qui mesure le degré de démocratie d’un pays capable de nettoyer devant sa porte. Même s’il ne faut pas se leurrer quant à l’issue escomptée. Surtout quand le cinéaste Sharon Bar-Ziv confisque l’interprétation des faits reprochés au seul point de vue d’Anna. Le risque est grand, l’exercice délicat, l’évolution de la confrontation un brin prévisible.
Mais la tension est là, palpable, au fur et à mesure des interrogatoires et de l’effritement du soutien hiérarchique. L’orientation première du film s’estompe, en filigrane, sans forcément lâcher prise. Nous comprenons alors que la question des territoires occupés est d’abord celle d’une institution d’Etat, ministère puissant, corporatiste, patriarcal, défenseur des citoyens. Anna ne juge que par le droit, la justice. Alors elle accuse, accule, ose se confronter à l’armée pour devenir de façon pleine et entière une autorité morale de plus en plus écrasante pour l’officier mis en accusation. Le ton de ce premier film courageux prend corps dans cette pièce exiguë, froide, presque inutile. Le réalisateur étouffe l’implicite pour jouer carte sur table quitte à alourdir son propos par quelques scènes inutiles sur la notion du doute (séquences en noir et blanc) et de la liberté assouvie (scènes de sexe).
Réussite formelle incontestable, Room 514 rend compte de la complexité d’une société duale, loin du manichéisme primaire dans laquelle on voudrait l’enfermer.
geoffroy
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