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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Malavita (The Family)
France / 2013
23.10.2013
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MAFIA BLUES
«- Je satisfais mes pulsions sadiques quand j’ai une bonne raison ».
Il y a le verre à moitié vide. Malavita serait alors une simple comédie maffieuse, potache, sorte de Tontons flingueurs à l’ancienne, avec des stars de calibre A. Un Luc Besson divertissant, assez linéaire, où l’histoire importe moins que le pittoresque des personnages.
Il y a le verre à moitié plein. Une comédie à l’humour noir, pleine de second degré, sorte de parodie des Affranchis, avec un casting qui semble se régaler à dynamiter la tranquille Normandie.
C’est d’ailleurs sans aucun doute la meilleure idée du film : une famille américaine, assez barrée pour nous faire passer un bon moment, débarquant dans un bled franchouillard. Du livre,, il ne reste rien de la noirceur. Besson a préféré reprendre son style narratif et visuel pour en faire un film plutôt drôle, au symbolisme facile (l’union fait la force), ponctué par des digressions plus ou moins réussies. C’est dans le contraste entre les quatre américains et la France profonde que le film révèle son plus fort potentiel comique. Si le cinéaste ne l’exploite pas forcément, au profit d’un rythme calculé pour ne jamais ennuyer, il parvient malgré tout à écrire quelques séquences satiriques qui ne plairont pas forcément aux chauvins.
Alors que le film démarre en dépeignant des caractères singuliers et des personnalités presque loufoques (et névrosées), le réalisateur le fait partir dans une direction plus convenue pour un final plus farce que féroce, où les membres de la familles deviennent les 4 fantastiques, ou les Indestructibles (au choix). A balles blanches, ça mitraille de partout, et le happy end sera au rendez-vous.
On était davantage attaché par le portrait de la famille folledingue, traquée par un pseudo Robert Hossein. D’autant que le couple Pfeiffer, très Veuve mais pas trop / De Niro, maffieux scorsesien à la retraite, suffisait à produire les étincelles pour nous faire sourire. Tommy Lee Jones très Man in Grey, servait de condiment épicé. Cinglés ou pervers, les personnages pouvait satisfaire notre plaisir.
Mais l’excentrisme fait vite place à un scénario trop prévisible malgré des situations cocasses ou des répliques punchy. Paradoxalement, Besson, sans doute influencé par ses deux stars, a opté pour un récit à l’américaine (concours de « Fuck ! » inclus) plutôt que de se démarquer avec une « french touch ». En survalorisant la partie américaine (produite par des lectures adolescentes) et en méprisant la partie provinciale (issue d’une littérature enfantine), Besson parvient difficilement à insuffler son propre ADN à ce délire. La tension se relâche parfois tant il se laisse filmer « une bonne histoire » avec « de bons acteurs ». Nul propos politique, nulle audace sociologique, aucune ambition spécifique. C’est distrayant et léger. Et en bonus, une excellente séquence où De Niro parle de cinéma (un Scorsese quand même) dans un ciné-club de province. La mise en abyme devient alors délicieuse, bien plus exquise que les cadavres qui vont pleuvoir dans les minutes qui suivent. De là impossible de savoir si le réalisateur voulait rendre hommage ou se moquer d’un certain cinéma hollywoodien, la série B.
vincy
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