Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Attila Marcel


France / 2013

30.10.2013
 



33 ANS ET TOUJOURS PUCEAU





«- C’est des madeleines toutes bêtes. Y en a qui mettent de la fleur d’oranger, je trouve que ça fait tapette.»

Passage plutôt réussi pour Sylvain Chomet, qui abandonne l’animation pour une sucrerie très graphique mais en prises de vues réelles avec cet Attila Marcel. Certains y verront une influence de Jeunet, d’autres un cousinage avec Rémi Benzaçon. Disons qu’il s’agit d’une fable fantaisiste très plaisante, portée par des personnages hauts en couleurs.

Il y a un côté « à l’ancienne » dans Attila Marcel : les deux sœurs jumelles de Demy auraient bien vieilli, leur neveu adoptif est aussi muet que Buster Keaton, les rôles secondaires semblent sortis d’une BD de Tardi. Mais cet assortiment de macarons aux saveurs éclectiques n’a rien de traditionnel. Chomet a un passé rock, presque punk, s’autorisant ainsi un second degré salvateur. Comme ce tag « Fuck le menuet » sur le mur de la salle où les deux vieilles chipies enseignent (de manière désastreuse) la danse. Notons que Bernadette Lafont et Hélène Vincent forment un duo irrésistible : tantes castratrices, aristocrates désuètes, France rance pourrissant leur gros cœur, culpabilité exacerbée et idéologues de l’immobilisme, elles nous régalent.

Au coeur de ce monde irréel – la direction artistique est particulièrement soignée – un jeune homme est prisonnier. Enfermé dans un monde proustien. 33 ans et toujours puceau (ce qui vaut la meilleure punch line du moment), la chemise boutonnée jusqu’au cou, incapable de sortir un seul mot, doué de ses doigts pour le piano, et hanté par la disparition de ses parents. De là, Chomet azimute cette veille France avec une « fée » hippie-écolo (la marraine de Peau d’Ane a changé) adepte de champignons hallucinogènes et autres produits bios qui ravivent la mémoire. Elle ramène le soleil dans un appartement où le piano projette une ombre envahissante (et pour cause, c’est l’arme des crimes) et dynamite ce monde de chouquettes et de sonates.

La compassion nous étreint rapidement à l’égard de ce garçon. Avec quelques flash-backs musicaux parfois surréalistes (certes un peu inégaux), d’hilarantes répliques (« Les asperges ça purge la mémoire et ça part avec la pisse »), l’absurde s’invite vite dans ce fabuleux destin du petit poulain. Chomet croque des portraits comme on dessine des caricatures. Il n’hésite pas à pousser certaines situations à l’excès. Parfois il vire même à la transe onirique.

Cependant, hélas, durant un petit quart d’heure, le film s’étire avec le flash-back de trop, l’histoire parallèle superflue (et dramatique), le récit s'enlise dans du surplace. Ce petit déséquilibre du scénario fait perdre de la vivacité à l’ensemble. Heureusement, le dénouement, un peu rapide sur certains aspects, mais après tout nous sommes dans un conte de fée, va nous entraîner dans une spirale ascendante vers un happy end lumineux. Chomet boucle sa boucle avec une dose d’optimisme – ce qui n’est pas rien dans notre contexte déprimant. Tout aura changé, rien n’aura changé. Entre héritage assumé et nouvelle vie, métissage et reconversion, il signe un film grand public positif. Comme si nous avions bu, nous aussi, une tisane aux herbes folles, en écoutant du ukelele.
 
vincy

 
 
 
 

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