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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Il était temps (About Time)
Royaume Uni / 2013
06.11.2013
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IL ÉTAIT UNE FOIS… NON DEUX. EN FAIT, TROIS.
«- Laissons le passé tranquille »
Richard Curtis aime la complication. Ecrire une comédie romantique est assez inné chez lui, alors autant la mixer avec un autre genre, ici le voyage dans le temps. De la science-fiction à la romance-fiction. Il était temps est une « british rom com » typique, de son héros maladroit (trop roux, trop grand, trop coincé, trop maigre) à la magnifique princesse américaine (même si le coup de foudre n’a pas lieu à Notting Hill). Il y a aussi les seconds rôles (mention spécial au dramaturge cynique et drama-queen) qui apportent ce qu’il faut d’excentricité. C’est évidemment très bien casté, joliment écrit, sans faute de goût.
Et puis il y a quelques scènes bien inspirées, comme cette rencontre dans le noir, vous savez ce genre de restaurant où l’on est plongé dans l’obscurité totale. Pour le coup, c’est un véritable « Blind Date ».
Tout s’enchaîne bien, sans forcément grande originalité. Les situations sont parfois drôlissimes, le scénario alambiqué comme il faut. L’effet papillon produit ce qu’il faut de rires et de charme.
Le voyage dans le temps est une donnée intéressante pour donner un peu de piment (même si quelques allers retours nous perdent dans notre appréhension cartésienne des événements, jusqu’à avoir un gros doute sur un voyage et ses conséquences). Le summum est évidemment lorsque les deux amoureux doivent faire l’amour la première fois (première fois qui se répétera jusqu’à l’extase la plus totale). Curtis prouve qu’il excelle dans l’absurde et dans le délire à l’anglaise (mariage pluvieux, mariage sans doute très heureux).
Et puis, soudainement, le film perd son fil. Curtis, en deuil personnel de son père, a altéré sa comédie en changeant d’objectif. Le sentimentalisme l’emporte. La morale s’invite. Le message devient trop appuyer et assez grossier. Fini de rire. Le bonheur total ne peux pas exister. La mort est une fatalité. Triste, touchant, le film ne souffre pas forcément de cette mélancolie. C’est le rythme qui ralentit, la caméra qui devient pesante, moins alerte. Le voyage dans le temps ne sert plus à draguer, mieux baiser, réinventer les moments de pure joie, éviter les drames etc… il sert à retrouver un temps perdu, à revoir le père, et, a fortiori, le charme est censé se muer en larmes. La relation père/fils devient alors la colonne vertébrale. Les seconds rôles sont écartés. L’épouse elle-même est renvoyée à l’arrière plan (un comble) et tout se déséquilibre.
La comédie romantique se transforme en drame nostalgique. Et dans ce domaine, Curtis n’est pas un orfèvre, hélas.
Cependant, ne boudons pas notre plaisir. Pour un samedi soir ou un film sous la couette, le film est parfait pour vous entraîner dans des galipettes.
vincy
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