Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Violette


France / 2013

06.11.2013
 



LA FOLIE EN TÊTE





« - Vous savez pourquoi je n’ai pas été diffusée dans la collection blanche ? Cette couverture est sinistre !
- C’est pour être mieux diffusé à moindre frais.
»

Etonnantes résonances entre Violette et Séraphine. Comme si elles étaient affiliées.
La peintre naïve et l’écrivaine traumatisée. Deux illuminées (atteintes par la lumière, celle de l’art) dans un monde cruel. Deux femmes simples (pas d’esprit) qui auront comme destin le succès, bref, et le déclin, soudain. Deux artistes protégées par des géants : un galeriste pour la première, une des plus grandes écrivaines et philosophes pour la seconde.

Si Séraphine était presque contemplatif, et même naturaliste, en rapport avec ce qu’elle peignait, Violette est urbain, joliment bavard, psychologique et tourmenté. Provost joue avec les clairs obscurs, les nuances de gris, et décrit un Paris pas tout à fait moderne, assez terne pour tout dire. Le soin apporté aux détails, le cadre bien étudié, l’épure du scénario, la description méticuleuse du monde germanopratin de l’époque font le reste. Il découpe son film en chapitres, comme un livre, où s’invitent différentes personnalités de l’époque, de Guerlain à Genet. Les phrases écrites par Violette Leduc illustrent, comme une musique, les pensées intérieures de l’héroïne. Les textes, crus et secs, sont ainsi valorisés et donnent la véritable couleur au film : féministe, intime, sulfureux. A l’image des titres de ses livres, criant leur rage, leur hargne, leur désespoir.

Car Violette Leduc est avant tout incomprise, mal aimée, seule. Une femme qui aime les femmes qui ne l’aiment pas forcément en retour comme elle le voudrait. Ainsi ce besoin d’être aimée devient son supplice tant les gens qu’elle aime deviennent les bourreaux e ses névroses, malgré eux. Emmanuelle Devos habite formidablement le personnage. Et sa relation, fausse liaison, avec Simone de Beauvoir atteint des sommets de non dits dans les fossés qui les séparent. A ce titre, Sandrine Kiberlain, une fois de plus cette année, impose délicatement et sans effets, sa présence et son charisme intellectuel.

Obsessionnelle, confuse, caractérielle, possessive, pas loin de la folie, Leduc est une femme en colère qui est au bord de basculer dans l’autodestruction parce que la société l’étouffe, parce que les conventions l’empêchent de s’exprimer librement. Démolie et pourtant talentueuse. « Personne ne veut de moi » : de sa génitrice à son éditeur, de sa protectrice à son ex amante. Le film est intelligent, réfléchi disons. Comme son écrivaine, il attend de sortir de l’ombre pour atteindre la lumière lorsque l’avenir s’annonce serein, tardivement. « Je ne connais pas de plus beau salut que par la littérature » disait d’elle De Beauvoir. En effet les mots l’ont sauvée, mais trop tard. Grâce à Provost, le cinéma lui rend grâce et la fait renaître. En beauté.
 
vincy

 
 
 
 

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