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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cartel (The Counselor)
USA / 2013
13.11.2013
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ASSOCIATION DE MALFAITEURS
« Le manque c’est l’espoir d’un retour. Mais rien ne revient jamais. »
La réputation d’une adaptation d’un livre au cinéma n’est plus à faire : souvent, le lecteur est frustré, critique, offusqué, déçu. Cartel n’est pas une adaptation, mais un scénario rédigé par un écrivain. L’auteur n’a pas du se sentir trop lésé en voyant les adaptations de ses romans, No Country for Old Men ou La Route, pour ne citer que les plus récents. Alors pourquoi avoir commis Cartel? Il a, ici, écrit un scénario, qui reprend la plupart de ses thématiques, de ses obsessions. Et le moins que l’on puisse écrire c’est qu’il est bon romancier mais piètre scénariste. A vouloir trop « écrire » le film, il en oublie un principe fondamental du 7e art : le mouvement.
Bavard et vain, Cartel est une succession interminable de dialogues parfois si littéraires qu’ils tiennent le spectateur à distance, au point de le détourner, l’ennuyer et même de le dissiper. Ce qui se lit avec plaisir ne s’écoute pas forcément avec la même jubilation. Le film en devient hermétique, malgré tous les efforts de Ridley Scott, qui tente de rythmer ces tunnels de parole avec des champs/contre-champs, quelques séquences saignantes et « sensationnelles », et une esthétique parfaite.
Au milieu de phrases sentencieuses ou de dilemmes moraux énoncés avec moult détails, se cachent parfois des indices pour nous faire comprendre, de manière finalement trop appuyée, le carnage auquel on va assister. Un à un, les protagonistes, qui fonctionnent uniquement par duo, jamais plus, vont être éliminés jusqu’au triomphe de celui/celle qui a l’âme la plus diabolique. L’innocent, un peu coupable, mais moins pourri que les autres, finira aux enfers, quand tous ceux qui l’ont croisés mourront d’atroces souffrances (sur ce point là, on n’est pas épargné).
Cette sauvagerie n’est que graphique. Jamais ressentie, jamais trippante. Elle est aussi artificielle qu’une belle photo, aussi anodine qu’une séquence de crime dans une série TV. Scott a sans doute cru qu’il avait le matériau d'un film sur la drogue et la corruption à la hauteur d’un Traffic. Mais Soderbergh y insufflait un rythme qui servait son propos. Ici le piège est trop construit, trop lent à se mettre en place pour qu’on puisse s’y intéresser. De la sueur, aucune tension.
A cela s’ajoute un casting de stars. Individuellement, chaque acteur est dans son rôle, avec le contre-emploi ingénieux pour Diaz en bonus. Hélas Diaz surjoue, Pitt semble nonchalent comme dans un Ocean’s, Cruz reste en surface, et Bardem applique avec soin son manuel du parfait cinglé. Fassbender est le seul qui parvient à s’en sortir. Dans leurs longues scènes à la Tarantino (sans l’humour), entre langage cru ou cocasse et digressions métaphysiques, aucun des comédiens ne parvient à se libérer : ils sont aussi prisonniers de leurs destins que de leurs récits. Le piège se referme ainsi sur les personnages, le cinéaste et finalement le film. L’agitation du dernier tiers du film est à l’image de l’un des meurtres : violente mais inutile. Hélas, la pseudo philosophie didactique de cette tragédie gore qui a des airs de mélo noir statique des années 50, aura eu raison de notre patience. Cartel nous écartèle entre l’envie de fuir et celle de dormir.
vincy
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