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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La reine des neiges (Frozen)
USA / 2013
04.12.2013 (20.11.2013 à Paris)
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PRISONNIÈRES
«- L’amour est une porte qui s’ouvre.»
Il fallait bien deux princesses pour que Disney renoue avec ses contes de fée musicaux traditionnels. Nous voici chez les Vikings, au milieu de décors enneigés et glacés. Le blanc de l’immaculée conception, pour deux vierges tentantes mais pas tentatrices. Rassurez-vous, le film s‘adresse bien aux enfants. Les filles seront ravies de s’identifier à la petite sœur, espiègle, fragile mais courageuse, et admireront l’ainée, maléfique malgré elle. Des cousines de Mérida (Rebelle) et Raiponce. Le feu et la glace, la frigidité et l’enthousiasme. Les garçons trouveront dans les deux courtisans de quoi satisfaire leurs désirs chevaleresques. Car, malgré des personnages modernisés, pour ne pas dire anachroniques, Disney reste Disney, et la cible marketing reste un brin sexiste. Mais le studio poursuit ses efforts égalitaristes : ce sont les femmes qui dirigent, les hommes qui sont servants, menteurs, méchants…
On progresse.
Disney n’oublie pas non plus les produits dérivés potentiels de son film : les gentils Trolls et le facétieux bonhomme de neige (qui rêve de passer l’été sur la plage : surréaliste) feront de parfaites peluches pour Noël. Autant de personnages secondaires – on peut y inclure le renne très « Jolly Jumper » côté caractère – qui donnent du relief à des personnages principaux aussi beaux que tourmentés et névrosés. On en regretterait presque les parties chantées (pour le coup, les musiques ont un goût plus que désuet qui raviront les nostalgiques mais n’emballeront pas ceux qui espéraient un ancrage plus contemporain). A l’instar de La belle et la bête, La Reine des neiges peut aussi se décliner en comédie musicale à Broadway : elle en a tous les ingrédients, et même quelques hits.
En grattant la glace, ce nouveau film d’animation n’a pourtant rien d’angélique. Le destin des deux jeunes princesses orphelines enfermées dans un vaste château au fond d’un superbe fjord n’a rien d’idyllique. La grande sœur est condamnée par un don (qui ferait d’elle une parfaite X-Men) qu’elle maudit ; sa petite sœur vit dans l’ignorance d’un secret qui la rend vulnérable. Solitaires, l’une et l’autre sont liées par un pacte de glace qui sera fatal, sauf à trouver l’amour sincère qui le brisera.
Et c’est là que cette Reine des Neiges s’émancipe des autres Disney. Point de prince charmant qui réchauffe les cœurs par un simple baiser (souvent chaste). Sans dévoiler la fin, elle est suffisamment insolite (pour un Disney) pour être indulgent sur les quelques défauts d’un scénario somme toute convenu où l’on nous répète trop souvent la formule magique qui sert de morale. L’histoire manque sans doute de suspens, de tension, de complexité pour nous emballer jusqu’au bout, malgré le twist inattendu, sacrificiel et salvateur.
Esthétiquement, de la sublime glaciation du Fjord au Palais de glace très Vegas en passant par des somptueuses forêts enneigées, il n’y a pas de faute de goût. Malgré tout ce blanc, cela faisait depuis des lustres qu’on n’avait pas vu un Disney aussi noir. Presque shakespearien. Ce n’est pas Jules et Jim, c’est « Mon Royaume pour du soleil » et « Il y a quelque chose de pourri en ce château ».
vincy
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