Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les interdits (Friends from France)


France / 2012

27.11.2013
 



TU NE PARTIRAS POINT

Le livre Bye Bye Bahia



"Le messie viendra avant qu’on parte d’ici."

Premier film inégal, Les interdits oscille entre le témoignage historique et la chronique amoureuse. Anne Weil y raconte un souvenir de jeunesse (après le bac, on lui a proposé de partir en Union Soviétique pour y rencontrer des refuzniks, ces personnes, souvent juives, à qui le visa d'émigration était refusé par les autorités de l'Union soviétique) qu’elle transforme à la fois en thriller et en comédie de mœurs.

Si le premier aspect fascine (notamment les séquences d’ouverture du film, tendues et anxiogènes), le second s’avère moins réussi. On ne se laisse ainsi guère prendre à cette histoire d’amour artificielle et impossible entre les deux cousins, que les acteurs ne parviennent jamais vraiment à rendre crédible. Jérémie Lippman regarde en permanence sa partenaire (Soko) comme un hibou affamé, tandis que la jeune femme minaude beaucoup en toute insouciance surjouée. Leur duo placé sous le signe du classique "Je t’aime, moi non plus" parasite le propos plus politique du film, jusqu’à l’épilogue interminable et au final assez inutile.

Heureusement, les deux réalisateurs recréent avec beaucoup de soin l’atmosphère surprenante de l’URSS de la fin des années 70, entre paranoïa et humour noir. Le KGB devient notamment l’objet de plusieurs blagues, tout en restant concrètement l’ennemi qui veille. Cela distille un effet d’angoisse qui contamine peu à peu les personnages, et avec eux, les spectateurs. On ressent avec beaucoup d’acuité le paradoxe soviétique de l’époque qui mêle ironie résignée et terreur feutrée. Les interdits donnent ainsi à voir une facette plus atypique à la fois de l’activisme politique ambigu de l’époque (le mystérieux personnage de David, prêt à tout pour attirer des migrants en Israël), et des héros anonymes persécutés pour un simple désir d’ailleurs.
 
MpM

 
 
 
 

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