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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Belle et Sébastien
France / 2013
18.12.2013
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LA BELLE EST LA BÊTE
«- Qu’est-ce que t’es beau ! … Ah non ! T’es belle ! Je vais t’appeler comme ça ! »
Angélique marquise des anges, La belle et la bête, Fantômas… le cinéma français cherche dans ses vieilles recettes de quoi en récolter de nouvelles (recettes). Belle & Sébastien n’échappe pas à ces « revivals ». Un classique du petit écran et de la littérature, complètement réécrit. Mais Nicolas Vanier n’a pas su choisir entre un film spectaculaire et une œuvre consensuelle.
Le réalisateur semble ainsi bien plus à l’aise en filmant les majestueuses Alpes, ses paysages durant les différentes saisons, les roches écrasées par le Soleil et les falaises vertigineuses, ou les glaciers immenses, les crevasses périlleuses, les avalanches menaçantes. Le spectacle est là, avec cette nature sublimée et dangereuse et ces traques nocturnes.
Hélas, le film s’embarrasse d’un scénario niais. La vie à la campagne semble rendre naïf au point que l’occupation allemande ressemble à une cohabitation à peine conflictuelle. Mieux (ou pire, selon), les nazis semblent gentils et attentionnés. La résistance est verbale (et encore le ton n’est pas très ferme). On pouvait croire à une rivalité entre beaux mecs – le chef des SS et le médecin passeur de Juifs, convoitant la jolie boulangère tous les deux – il n’en est rien. La grande histoire d’amour est celle d’un orphelin (au jeu assez limité) et d’une chienne (bien plus expressive). Il l’a appelé Belle parce que « c’est plus joli que sale bête, non ? ».
Glorification d’une France d’autrefois, paysanne et solidaire, Belle & Sébastien multiplie les scènes naïves et mièvres. Le summum arrive lors que la chienne court dans les prés, toute à son bonheur, au ralenti. Entre Royal Canin et la Petite maison dans la prairie. On hésite pour la parodie.
Tout cela manque d’imagination, de tension, d’émotion. Ce long plaidoyer « Chasse pêche et traditions » ne parvient jamais à sortir d’une narration de téléfilm pour tous publics (les adultes reprocheront sans doute un manque de noirceur ou d’enjeux personnels un peu complexes). La mise en scène ne réussit jamais à équilibrer l’angle dramatique, les prises de vues panoramiques et une histoire sans énergie.
Le petit sauvageon affronte ainsi la succession de menaces – boches, loups, ploucs, tempête – avec son héroïque chienne comme si la guerre n’était qu’un lointain problème (ceux qui résisteront ne prendront pas beaucoup de risques). A côté Monsieur Batignole est un summum de tragédie.
Reste le final, longue séquence en territoire hostile, où le cinéma reprend ses droits. On retrouve là l’esprit du Dernier trappeur et les immensités glacées tant vénérées par Vanier. On oublie enfin que le film ne cible que les moins de sept ans, qu’il va falloir expliquer la seconde guerre mondiale aux gamins après la projection, on oublie tout car on se perd dans une (courte) épopée où le cinéma d’aventure prend le dessus sur un conte benêt montagnard genre Malabar Princess.
Trop de bons sentiments ne font pas forcément un film sentimentalement bon.
vincy
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