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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Albator, corsaire de l'espace
Japon / 2013
25.12.2013
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LES GARDIENS DE LA GALAXIE
«-L’époque est si désespérante qu’on a le droit de vivre librement, hein ?»
Oubliez la série TV de votre enfance, si vous avez dépassé 30 ans. La nostalgie vous conduira par curiosité à découvrir cet Albator des années 2000. Mais ce film d’animation ambitieux est bien ancré dans l’esthétique de notre époque. Albator ressemble même à un jeu vidéo, avec cette quête perfectionniste de l’image virtuelle. Les racines du film sont à trouver du coup de Final Fantasy, qui a déjà 12 ans d’âge.
Entre film de pirate et Western galactique, ce long métrage met les moyens pour se détacher de nos souvenirs de jeunesse et coller aux drames héroïques contemporains : héros tourmenté (et même hanté), ennemi intérieur, dilemmes moraux du côté du bien comme du mal, … tous les personnages mériteraient de passer sur le divan d’un psy.
L’atmosphère crépusculaire et obscurantiste de cette Guerre des étoiles d’un autre genre est somptueusement rendue. Révoltés, infiltrés, tyrans, entre soif absolue de liberté et diktat d’un ordre établi, partagent cependant un principe de base : mentir à leurs troupes. Le mensonge comme vecteur narratif a ses limites mais la parabole d’un monde où l’illusion nous aveugle s’avère passionnante.
Culpabilité, bravoure, manipulation, châtiments et sacrifices font le reste. En surdose. Tragédie humaine, cette science-fiction baroque n’est jamais qu’un mix de L’Art de la guerre avec une pièce shakespearienne. On retrouve aussi l’essence du manga, sa haine des armes de destruction massive, le cauchemar d’une planète défigurée par les bombes, l’indécision des êtres à assumer leurs erreurs, la folie égoïste des élites ou la facilité de chacun à se déresponsabiliser au nom de l’honneur.
Albator est sans doute le plus maudit des corsaires. Le film est un élégant et brillant exercice de style autour de destins brisés, s’accrochant à la vie par des croyances fragiles. La justice (sociale, pénale, humaine) ne trouve pas sa place dans une telle aventure. Dommage que le réalisateur n’ait pas nettoyé son film de réflexions philosophiques pesantes ou des quelques flash backs assez vains. On est davantage fasciné par ses cadrages : les individus filmés au niveau des tripes, les visages à moitié dans l’ombre, les jeux de lumières, la solitude des deux principaux antagonistes dans de vastes espaces froids, rarement dans l’action, méditant sur leur stratégie.
Albator est un film d’une noirceur abyssale. De quoi plomber n’importe quel optimiste shooté à l’oxygène. Le scénario malgré tout très simpliste se complait dans des méandres parfois inutilement complexes. Et devient légèrement prévisible sur la fin, pour que l’espoir, malgré tout, perdure. Si les personnages n’étaient pas aussi intrigants et attachants, si les séquences d’action (malgré quelques batailles un peu brouillonnes), il est possible que nous aurions décrocher. Mais contrairement à Final Fantasy, justement, le film apporte un soin particulier à son histoire, très classique, et à ses héros.
Vincy
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