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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Don Jon
USA / 2013
25.12.2013
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CONFESSIONS INTIMES
« Je ne touche pas ma bite avant qu’une vidéo me parle.»
Ce premier film de Joseph Gordon-Levitt n’est pas qu’une branlette. L’acteur-réalisateur est même assez généreux en humour et en glamour. Le rythme est maîtrisé, nerveux même, le scénario bien écrit, le sujet traité complètement, n’oubliant aucune question ni aucune réponse. Cette comédie romantique dans l’air du temps – on parle cru (« Une fille comme ça, ça suce pas »), mais on ne montre rien – n’a pas l’Happy end anticipé. Et c’est ce qui le rend frais et agréable.
Prenons donc un hétéro macho sexiste et maniaque formaté aux images commerciales de la télévision et de la publicité, frustré par des femmes magnifiques mais coincées ou névrosées, qui prend uniquement son pieds en se servant de sa main. Le plaisir unilatéral plus fort que le partage des corps, des sens. « La viande c’est bien mas ça ne vaut pas le porno ». Pathétique ? Et derrière ça, une société responsable de son propre malheur. Les femmes rêvent d’un prince charmant qui ne les prend pas en levrette et ne leur demande pas de sucer. Le mec ne se satisfait que devant son écran d’ordinateur, surtout qu’il n’est pas fan de « léchouille ».
Gordon-Levitt se donne ainsi un beau rôle : un personnage pulsionnel, à cran, romantique malgré tout, dragueur facile, amoureux transi, et pourtant passant à côté de l’essentiel. Toutes ses croyances vont s’effondrer : une famille incompréhensive, trop soumise à son schéma de filiation, ou une église incompétente pour soulager ou accompagner le pécheur. Sa transformation se fait lentement, mais avec des séquences furtives et répétées, la variation s’opère progressivement sous nos yeux. Ce Don Juan énervé va progressivement s’ouvrir aux autres, chercher d’autres moyens pour être lui-même, sans être jugé.
Tout le film est basé sur la répétition. On se souvient parfois d’orgasmes avec un partenaire, de « bons coups », de « plans culs » insolites, mais le film est comme la masturbation : une série de petites morts qui s’oublient et s’enchaînent. On passe de l’achat de produit pour remplir son tableau de chasse au choix du « produit » pour chasser les fantasmes. Il oppose ainsi deux modèles de femmes : la parfaite américaine sexy en diable, ambitieuse, refusant le compromis, construisant son destin comme on décore une maison (Scarlett Johansson, alias Sugarman, tout un programme, parfaite en pétasse allumeuse) ; la quadra sublime, brisée, anticonformiste, se laissant vivre au présent puisque son passé est dévasté (Julianne Moore, idéale en hippie dévergondée).
La comédie aborde avec style un sujet qui ne devrait pas être tabou (il l’est quand même un peu puisque l’acteur, pudique ?, ne se montre que torse nu tout au long du film). Il l’aborde sous tous les angles (fidélité/infidélité, plaisir solitaire, frustration du couple, vie de coupe/célibat). Avec un accompagnement musical qui varie selon les situations (s’amusant là aussi à des répétitions qui font échos à des humeurs), il décrypte l’importance du fake, du virtuel dans nos vies. L’emprise est telle que le réelle, la vraie vie, a des allures de film hollywoodien. C’est toute la limite de sa mise en scène, qui n’accentue jamais ce fossé entre la réalité et le fantasme. La vie de ce jeune mec semblera idéale à beaucoup de branleurs sur Youporn (Laurent Wauquiez à part, peut-être).
Frappant le mur du sperme avec 11 branles en une journée, notre astiqueur professionnel, junkie du X, se sort de ses mauvais pas avec quelques pirouettes visuelles. L’histoire se déroule plus banalement. Cette vie aliénante après tout, presque fordiste, n’est jamais que celle du jeune adulte qui doit choisir entre se soumettre au modèle sociétal ou vivre selon ses envies. On se prend alors à l’apprécier, à se laisser séduire par les nuances qui l’amènent sur un autre chemin. On le trouve moins pathétique, plus humain. L’angle de vue a changé dès lors qu’en un quart d’heure tous ses rituels buggent, tous ses préjugés volent en éclat, tous les pièges qui lui ont été tendus s’évaporent.
Il a trouvé à qui se confier : et ce n’est ni à ses parents, ni à son curé, ni à ses potes et encore moins à la femme idéale. Joseph Gordon-Levitt a explosé les conventions de la civilisation américaine, tout en signant une comédie romantique singulière, drôle, légère et impertinente. Il manque peut-être un zest de satire, voire de critique subversive sur l'environnement qui conduit tant de jeunes mecs à croire que le sexe est comme un film de boules et tant de jeunes filles qui croient encore à un destin à la Disney.
vincy
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