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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Une autre vie
France / 2013
22.01.2014
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L’ART D’AIMER
"Tout le monde a rêvé à ma place."
Curieux objet qu’Une autre vie, le nouveau film d’Emmanuel Mouret. Le réalisateur, qui nous a habitués aux comédies romantiques burlesques et légères, revient avec un polar sentimental où l’amour peut être venimeux et mortifère et où victimes et coupables finissent par se confondre. Une œuvre stylistiquement marquée qui ne renie pas sa filiation avec les grands mélodrames flamboyants à la Douglas Sirk, quitte à frôler le ridicule lorsque le cinéaste abuse (littéralement comme métaphoriquement) des violons et des grandes émotions, tout en faisant preuve par ailleurs d’une étonnante sécheresse narrative dans sa construction du récit. Déconcertant au premier abord, et même susceptible de détourner le spectateur du vrai intérêt du film : sa perversité à peine dissimulée.
Car sous couvert d’une histoire d’amour hors norme entre une pianiste de renommée internationale (Jasmine Trinca, indécise) et un électricien sans envergure (JoeyStarr, tout en retenue), Emmanuel Mouret s’intéresse en réalité en filigrane au cheminement de la compagne trompée de ce dernier. Cette femme bafouée, c’est Virginie Ledoyen, qui érige le sourire au rang d’arme de destruction massive, et la gentillesse à celui de poison mortel. Jamais la douceur sexy de l’actrice n’aura été employée dans un tel contre-emploi, où le cynisme le dispute à la perfidie la plus noire. Non seulement son personnage est de loin le plus intéressant du film, mais il en est surtout la clef de voûte indéniable.
Sous cet angle, Une nouvelle vie est une captivante variation sur la passion amoureuse. Hélas, les fausses pistes lancées par Emmanuel Mouret pour ménager ses effets ne fonctionnent pas aussi bien : certains dialogues prêtent involontairement à rire, les scènes d’amour sont maladroites et répétitives, et la musique (hyperbolique) semble là pour meubler. Même la question du déterminisme (la vie des deux amants a été tracée d’avance par leur entourage) est abandonnée en cours de route. Ce déséquilibre entre les thématiques du film finit par le rendre bancal, voire difficile à appréhender. Dommage, car en terme de thriller atypique, Emmanuel Mouret tient ses promesses avec une cruauté savoureuse.
MpM
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