Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Igby goes down (Igby)


USA / 2002

07.05.03
 



ENFANT TERRIBLE

Le livre Bye Bye Bahia



"-Que veut dire Igby?
- Le genre de nom qu'une personne qui se nomme Sookie n'est pas en position de demander.
"

Igby n’est pas Gatsby, il n’a rien de magnifique. Mais il porte un film qui lui ressemble, assez déjanté, un peu immoral, relativement cynique. Il ne manque plus que la subversion ou le talent d’un Wes Anderson pour que ce Ferris Bueller " new generation " nous épate. Depuis Ferris, justement, l’ado américain a changé. Faire l’école buissonnière, s’amuser en chantant du rock, aller dans un musée pour embrasser sa copine semble ringard. Et les paternels ont plutôt l’envie de se suicider (cf American Beauty et ici). Igby déteste ce monde d’adultes qui a détruit son père, ne sait pas quoi faire de sa peau, et baise dans un loft d’artistes. Igby descend aux enfers, par ses propres choix. Entouré de cons, de cyniques, de fascistes, de tyrans, il étouffe, déprime, et voit ce monde peuplé de salauds et d’hypocrites, s’écrouler sous ses pieds.
Le rire est amer. D’autant qu’il commence avec le meurtre de la mère ­ Susan Sarandon, bourge nickel. Ce portrait d’une Amérique égocentrique, égoïste aurait pu avoir des allures de tragédie. Le suicide était une option presque salvatrice. Un sacrifice libérateur. Mais nous sommes dans une fantaisie acide.
Chronique d’un jeune fumiste dans un monde de merde, le film n’a rien d’une comédie classique, bien qu’elle soit trop conventionnelle. Centré sur le jeune Kieran Culkin (le frère de), en tout point excellent, nous assistons à un témoignage corrosif sur les moeurs d’occidentaux dissolus.
La réalisation en revanche est presque trop sage. Cette " lissitude " correspond mal au scénario. S’il n’y avait pas les performances de chacun des comédiens, Igby s’enliserait dans le convenu : un comble vu le sujet. Pour cette farce, un peu de folie n’aurait pas fait de mal. A trop se reposer sur la direction d’acteurs, le cinéaste a manqué d’inspiration pour la mise en scène. L’atrocité de certains dialogues, la frustration du personnage principal ne conduisent jamais le film à sortir un peu des sentiers battus. Il faut le regard de chien battu de Culkin pour comprendre la détresse de cet ado matricide.
Il aurait juste fallu que le point de vue soit plus proche du tempérament de son personnage. Dans la lignée de Rushmore, par exemple. Igby prendra quand même sa place parmi ces gamins mal à l’aise dans le système : surdoués, cancres, exclus, cherchant à fuir la routine et surtout à conquérir un peu d’amour. La fureur de vivre a pris un coup de blues.
 
vincy

 
 
 
 

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