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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Ryan Initiative (Jack Ryan: Shadow Recruit)
USA / 2014
29.01.2014
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L’OMBRE D’UN DOUTE
« - Je suis à la CIA.
- Dieu soit loué. Je croyais que tu avais une maîtresse. »
Un nouvel épisode de Jack Ryan était-ce utile ? Bien sûr, la série littéraire est un gros réservoir de films. Mais celui-ci n’est même pas une adaptation d’un des ouvrages de Tom Clancy. On en reprend juste les principaux éléments de la « bible », comme Universal a exploité Jason Bourne en faisant un spin-off (Jason Bourne : l’héritage) sans Jason Bourne.
Mais justement, à cause de Jason Bourne qui a mis la barre techniquement assez haute, mais aussi des évolutions récentes de Mission : Impossible et James Bond, on voit toutes les limites de Jack Ryan, même rajeunit.
Déjà le film souffre d’un cruel manque d’originalité du scénario (pour ne pas dire une certaine paresse). L’épilogue est même bâclé, nous frustrant d’un final à la hauteur du Q.I. de l’expert de la CIA. On sent quelques coupes brutales dans le montage, rendant certains enchaînements assez incohérents. On pourrait aussi gloser sur le choix de la Russie comme ennemi post-guerre froide. Après Bourne dans le 2e opus, Cruise dans M:I 4 et John McLane / Bruce Willis dans le dernier Die Hard, Hollywood nous renvoie à Moscou dans le rôle de la capitale satanique. On s’interroge : ce ne sont pas les ennemis de l’Amérique qui manque à notre époque. Pourquoi revenir sur les lieux usés de crimes déjà perpétrés ? D’autant que Branagh en russe, avec l’accent russe, discutant de littérature russe avec Anna Karenine (pardon Keira Knightley), on frôle le grotesque. Il est plutôt digne du salaud d’un James Bond des années 60.
Qu’on se comprenne bien : l’initiative de « rebooter » Jack Ryan n’est pas en cause. Mais de la part de Kenneth Branagh, qui avait su donner de la noirceur et de l’intensité, plus ou moins, à Thor, on s’attendait à un film plus sombre, plus ambivalent, plus nuancé qu’un simple divertissement élégant et lisse comme toutes ces vitres et parois de verre qui meublent les décors.
D’autant que le lien est habile avec le dernier Ryan cinématographique : la prophétie de Clancy d’une attaque au cœur de l’Empire américain dans La somme de toutes les peurs s’est réalisée le 11 septembre 2011. Là commence l’histoire de The Ryan Initiative, transformant Ryan en patriote, puis en héros, puis en trader préférant chasser l’argent sale de l’étranger plutôt que de se poser des questions sur les emprunts toxiques américains.
Chris Pine colle donc parfaitement au personnage. Il n’est plus seulement un brillant analyste, il est un soldat entraîné. Il est jeune et fougueux, déterminé et valeureux. Lui ou un autre, peu importe. Hollywood a une douzaine de beaux gosses qui savent endosser ce genre de rôles. L’élément intéressant est bien sûr l’aspect économique de la guerre, la vulnérabilité des Etats-Unis par rapport à sa monnaie. La crainte d’un chaos financier est plus grande qu’une menace belliqueuse armée. Hélas, le scénario traite de cela comme s’il s’agissait d’un cours pour les Nuls (d’ailleurs Kevin Costner, big boss du data service et des missions impossibles, exige qu’on lui explique les choses comme s’il était un idiot).
Toute complexité est ainsi évacuée. On revient au Western : un gentil et un méchant, le Far West russe, les poursuites de la cavalerie… Un peu d’humour, mais pas trop. Un braquage numérique (on est en 2014, mais la clef USB reste une valeur sûre). Ce qu’il manque c’est le côté retors, la manipulation qui fait espérer un twist inattendu. C’est hélas très convenu. Bien foutu, mais sans suspense. Comment avoir peur pour Keira Knightley ? Comme croire qu’une attaque terroriste ne repose que sur un seul homme ? Branagh n’a qu’une obsession : le rythme. On ne perd pas de temps sur les recherches, sur les explications. Jack Ryan suffit pour trouver la bonne réponse en vitesse 4G. Il a 5 minutes pour sauver le monde ? C’est amplement suffisant. Le scénario a été sacrifié au passage, tout comme la crédibilité même du héros.
Alors bien sûr il y a pire. Mais le formatage est si flagrant que ça édulcore un peu plus le personnage de Ryan, déjà passablement affadit par Ben Affleck. On en vient à se dire qu’Harrison Ford était le seul à sauver de médiocres thrillers imaginés par un Tom Clancy paranoïaque, conservateur et fasciné par la toute puissance de son pays. Jack Ryan, héros dépassé par la chute de l’Empire ? vincy
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