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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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C'est eux les chiens
/ 2013
05.02.2014
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PRINTEMPS TARDIF
"Les flics aussi, ils m’ont emmené. Et ils m’ont fait disparaître pendant 30 ans."
C'est eux les chiens, sous-titré "road-movie punk dans le printemps arabe" ne montre paradoxalement pas grand chose du mouvement de contestation générale qui a touché les pays arabes au printemps 2011. Le réalisateur, persuadé qu'il est trop tôt pour avoir le recul nécessaire sur ces événements, préfère les utiliser comme échos lointains d'une autre révolte ayant eu lieu au Maroc en 1981 et restée dans les mémoires comme "les émeutes de la faim". Son personnage principal est donc un rescapé de ces émeutes qui refait surface au moment même où l'histoire semble se répéter.
Les événements contemporains, présents à travers les actualités diffusées par la radio et la télé, mais aussi dans les réactions des habitants de Casablanca croisés par l'équipe de tournage, se mêlent alors au passé qui refait lentement surface à travers les réminiscences de l’ancien détenu et au hasard de ses retrouvailles avec d’anciens camarades. On constate sans surprise que les revendications n'ont guère changé, et que les deux époques se répondent, voire se complètent.
Le ton est grinçant et le constat plutôt amer, qu’il s’agisse du personnage de Majhoul, allégorie du perdant magnifique, de la société marocaine contemporaine, symbolisée par la famille de Majhoul hostile et rancunière, ou de la presse plus soucieuse de donner dans le sensationnel que de faire un véritable travail de fond. L’approche documentaire (le prétexte de l’intrigue est le tournage d’un reportage sur le vif qui mêle courses poursuites dans la rue, moments introspectifs et véritables pétages de plomb aussi décalés que délirants) et le rythme effréné du début donnent la sensation d’un film en roue libre, filmé comme dans un seul mouvement. Mais ce qui commence comme un mélange de polar et d’Odyssée homérique s’achève en gueule de bois.
Passée l’intensité de la première partie du film, le récit se fige en effet peu à peu tandis que le sentiment d’urgence s’estompe. Comme dans tous les voyages, la quête existentielle de Majhoul est finalement plus fascinante dans les différentes épreuves qu’elle lui fait franchir que dans le franchissement de la ligne d’arrivée. Une lueur d’espoir, pourtant, clôt miraculeusement le film, lorsque l’ancienne et la nouvelle génération de contestataires pactisent le temps d’une cigarette, et laissent entrevoir la possibilité d’une victoire commune
MpM
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