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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Il est plus facile pour un chameau...
France / 2003
16.04.03
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VALERIA DOUBLE-BOSS
"- J’ai bien le droit de ne pas vouloir être riche quand même !"
Federica s’ennuie, pourtant elle est riche. Federica a besoin d’un psy, elle va voir un prêtre. Federica est adulte mais elle ne veut pas grandir. Autant de contradictions, ça fait beaucoup pour une seule et même personne. Pourtant Valéria Bruni Tedeschi les rend tout à fait crédibles et son personnage de trentenaire en pleine crise mystique en devient attachant. Elle parle comme une gamine, ne finit pas ses phrases, fuit devant l’adversité et on l’aime pour ça. Avec Federica, Valéria Bruni Tedeschi s’offre là un beau personnage de femme. Mais au delà de l’interprétation hors pair de l’actrice, ce sont les premiers pas de Valéria la réalisatrice qu’il faut saluer. Et pour un premier coup, c’est un coup de maître. La grande force du film c’est qu’il arrive à nous faire sourire et même rire avec des thèmes tristes. Les problèmes de couple, la mort d’un père, les histoires de familles sont traités avec du recul et un humour subtil, sans jamais tomber dans le ridicule.
Valéria Bruni Tedeschi réussit un film drôle, touchant et surtout inventif. De nombreuses petites trouvailles jalonnent le récit, et on entre avec Federica dans un monde imaginaire où les souvenirs d’enfance sont sublimés (la scène du carnaval), ou délirants (celle du repas avec les ravisseurs). Le bonheur a des allures de comédie musicale (les hilarantes scènes au cour de danse et le tango avec Denis Podalydès) et les rêves éveillés de Federica ressemblent à des dessins animés. La mélancolie des personnages est vite effacée par des moments oniriques où l’héroïne revit son enfance. A travers ces scènes, on comprend la difficulté du personnage principal à grandir et son besoin de toujours se rattacher à des jours meilleurs où elle " jouait à la vie ". Maintenant qu’il n’est plus temps de jouer, Federica qui vit mal le fait d’avoir de l’argent, cherche des repères et se tourne pendant un moment vers la religion. Mais comme lui dit le prêtre : "il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer au royaume des cieux". Et avant de trouver le royaume des cieux, Federica va devoir affronter son quotidien et son entourage.
Pour l’entourer la jeune réalisatrice a eu du flair pour choisir ses acteurs, Chiara Mastroianni en tête. La magnifique " fille de " alterne les registres comme Valéria change de petit pull rayé. Tour à tout déprimée, hystérique ou souriante elle donne le pendant parfait au personnage de Federica. Quant aux rôles masculins ils ne sont pas en reste: Jean-Hugues Anglade fragile en révolutionnaire sans ambition, Denis Podalydès en fantôme du passé, Lambert Wilson en baroudeur paumé et Ivan Attal dans un caméo cocasse, banane sur la tête et guitare à la main.
Tout cela donne son charme à un film qui aurait pu être plus terne à cause de ses sujets " sérieux " ( la mort, l’argent, la religion...). Valéria Bruni Tedeschi en a fait quelque chose de pétillant. Il est plus facile pour vous d’aller voir ce film... dominique
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