|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Lego, la grande aventure (The Lego Movie)
USA / 2014
19.02.2014
|
|
|
|
|
|
AVEC 100 BRIQUES TU FAIS PLUS RIEN
«- Je fais quoi ? Je n’ai pas mes instructions !»
On pouvait être circonspects. Un film d’animation avec des Lego ? Ça en ferait sourciller plus d’un. Et pourtant, c’est malin, distrayant, étourdissant même. La grande aventure Lego est un spectacle hollywoodien, avec tout le savoir faire nécessaire pour bluffer, visuellement, le spectateur.
L’histoire n’est en rien originale. Une sorte de Matrix où un « homme » ordinaire, solitaire et même invisible, avec une face « jaune citron », se retrouve malencontreusement « l’élu » qui va devoir sauver le monde. A une exception près : le héros est plus proche d’un idiot et n’a réellement aucun talent particulier. Il a « l’esprit prodigieusement vide », si vide « qu’il n’y a rien à vider ». Le scénario s’emballe (très rapidement, on a à peine le temps de souffler) dans un compte-à-rebours contre le mal absolu : des tubes de colle (vous savez ce gel translucide vendu sous la marque Scotch en France) sont prêts à figer à jamais les mondes parfaits des Lego. Aucune vie, aucun mouvement ne sera possible.
C’est évidemment absurde. Il faut avoir sniffé beaucoup de colle Scotch pour imaginer un tel synopsis. Mais de là, tous les délires sont permis (on peut ainsi passer des Lego City aux Lego Old West). Dans ce monde où la destruction/construction tient lieu de révolution permanente, la principale qualité de La grande aventure Lego est bien de vouloir mettre l’imagination au pouvoir : ne pas suivre les instructions, telle est la devise d’un film hybride entre propagande publicitaire pour les briques et divertissement cinématographique.
Paradoxalement, si nos « héros » se rebellent, les auteurs du film suivent à la lettre le manuel du parfait blockbuster. Pour Hollywood, il n’est pas question de mélanger les genres et les univers : ceci est de la ludo-fiction. Pas question ici de sortir du schéma ordonné pour faire un film balisé, avec guests de prestige : Batman, Michel-Ange et son homonyme tortue ninja, Superman et son boulet, Green Lantern, Gandalf, un Simpson, Robin des bois, Dumbledore… il faut bien « vendre » toute la panoplie Lego et ses innombrables licences cinématographiques acquises au fil des ans. Star Wars bénéficie ainsi d’un (court) traitement de faveur.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est perché. L’humour n’est pas niais, la mise en scène pas avare en effets et vertiges, l’animation impressionnante. De manière périlleuse, le scénario prend même le risque pour appuyer son message (tu fais ce que tu veux avec tes briques même un sofa à étage) de sortir de l’animation et de l’action pour donner une dimension plus réelle et dramatique (toutes proportions gardées).
Mais la comédie reprendra le dessus. Ce mix de Toy Story / Transformers (inférieur au premier, largement supérieur au second) s’offre même un ultime plan cruel et assez jouissif. Une porte ouverte vers une suite. En attendant un film sur les Playmobils. Soyons-en sûr, certains à Hollywood doivent y penser : c’est dans leurs plans. Une brique après l’autre…
vincy
|
|
|