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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un été à Osage County (August : Osage County)
USA / 2013
26.02.2014
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UN ÉTÉ MEURTRIER
John Wells, producteur de série à succès (Urgences notamment), continue sa reconversion comme réalisateur et signe après le timoré Company Men (2011) l'adaptation de la pièce éponyme August : Osage County de Tracy Letts.
Mais qui dit adaptation cinématographique d'une œuvre théâtrale dit, le plus souvent, obligation de repenser la dramaturgie proposée par le biais d'une mise en scène spécifique. Sinon à quoi bon, en effet, sauf pour n'y laisser qu'une atmosphère doucereuse bien trop factuelle vis-à-vis de la dramaturgie initiale.
Un été à Osage county n'y échappe pas. Malgré sa construction, plutôt habile, visant à présenter l'incommunicabilité d'une famille américaine frappée par la mort, rien ne vient perturber la mécanique de cette journée de deuil vouée aux règlements de compte. Les personnages sont tranchés, certes. Mais ils sont aussi "archétypaux". Au point de desservir l'objet même de cette réunion familiale exceptionnelle puisque imprévue.
La disparition du mari / père sert de déclencheur comme de catalyseur aux péripéties entre l'épouse / mère et ses trois filles. Si les retrouvailles sont forcées, le chagrin est là, profond, froid comme un lit d'enfance abandonné ou mélancolique comme une vie qui s'achève. L'affrontement prend place entre des filles rudes envers une mère aussi plaintive que cassante. Rien n'est laissé au hasard, ni la personnalisation de ces femmes, ni les différents liens qui les unissent. Pour le meilleur comme pour le pire. Et au-delà des poncifs d'un genre pour le moins balisé dans son traitement psychologique, John Wells arrive, malgré tout, à s'engouffrer dans les quelques brèches d'une réunion de famille qui tourne vite au vinaigre. Mais sans l'imagination des sentiments…
Passons, alors, sur les multiples rebondissements narratifs - trop artificiels pour s'avérer pertinents - qui viennent alourdir inutilement des personnages déjà très prononcés dans leur tendance, position, posture (de l'adultère à l'inceste ignoré). Les filles, car il s’agit bien d’elles, se font voler la vedette par une mère omnipotente. Or, elles avaient tout pour faire basculer le deuxième long de Wells vers l’étude de cas, prisme sociologique de femmes tout à la fois fille, mère ou amante. Les blessures se dévoilent ainsi par esquisse, entre bons mots et révélations fracassantes. La trajectoire des trois filles trace un sillon, mais comme à reculons, dans un jeu de dupes où chaque vérité n'est pas toujours bonne à dire. L'artificiel prend le dessus comme un scintillement coupable, façade triste d'un film incapable d'oser la poésie du cœur, celle de la simplicité devant les frustrations, les regrets, les colères et la mort.
Et puis il y a elle, la mère, impeccablement campée par Meryl Streep. Son omniprésence trouble les troubles de ses filles. Pour être honnête, elle nous éreinte par sa présence, sa maladie, son caractère. Un peu comme s’il fallait ce type de femme pour donner corps aux propos d'un cinéaste empêtré dans ce mélodrame social vu mille fois.
geoffroy
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