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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le sens de l'humour
France / 2013
26.02.2014
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LES SENS DE L’AMOUR
« - C’est bien ce livre ?
- Oui. Tu veux que je te lise le début ?
- Je préfère que tu me suces.
- D’accord.
- T’es pas compliquée comme fille. »
« Le mouvement est source même de toute vie ». Et de fait Marilyne Canto scénariste a imaginé Marilyne Canto actrice en mouvement permanent. A moins que ce ne soit une envie de Marilyne Canto réalisatrice ? Pour son premier long métrage, la comédienne a voulu raconter une histoire intime, réaliste, contemporaine. Trois personnes en errance qui ne tiennent debout qu’ensemble.
Ce portrait d’une mère célibataire, qui court toujours, comme pour fuir le fantôme de l’époux disparu, offre de jolis moments. Des instants de grâce. Les petites tensions éparpillées apportent un peu de piquant. Canto cerne bien toutes les difficultés d’une femme à former un couple quand on a un enfant, les blessures perceptibles, le désir cru de combler le vide… Elle sait écrire les maux sans trop de mots.
Cependant, le film s’égare souvent dans des scènes trop anodines, trop longues, trop bricolées : comme si on nous filmait un reportage sur une durée longue. L’interdépendance des êtres se heurte à la liberté de chacun de manière trop banale pour nous aspirer dans ce chaos. A trop magnifier ses deux hommes, l’amant et son fils, Canto se donne un rôle trop ingrat, parfois agaçant, pour que l’on puisse ressentir une empathie lorsqu’elle est disjoncte. La cinéaste a la même difficulté lorsqu’elle confronte la vie du présent avec ce passé endeuillé, hanté. L’ennui gagne rapidement : le trio ne peut pas suffire à lui-même pour une histoire si longue. Il manque des seconds-rôles, des événements extérieurs, bref des intrus. La dérive l’emporte alors sur une quelconque mécanique du cœur. L’indifférence nous gagne, faute de théâtralité minimale.
Trop grave, dénué de légèreté même, le film glisse vers une sorte d’autofiction pesante, qui se repose sur son impeccable interprétation pour sauver les trous d’air. Canto manque de recul. Reste le point de vue intéressant de vouloir donner à l’homme un rôle sensible et doux, un Prince charmant viril et prolétaire, face à une princesse plus violente, plus dure presque lunatique.
Il faudra attendre la dernière scène pour que nous comprenions le sens de tout cela, en l’occurrence celui de l’humour comme seul moyen de survie en temps de deuil. Mais, ici, c’est plutôt l’amour qui donne du sens. Car d’humour, il n’y en a point.
vincy
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