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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Best Offer (La migliore offerta)
Italie / 2013
16.04.2014
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ART-NIQUEUR
Les apparences sont souvent trompeuses. Giuseppe Tornatore laisse pour un moment de côté ses personnages italiens (Cinema Paradiso, Malena…) pour nous concocter avec The Best Offer un film de genre qui joue au chat et à la souris.
On va découvrir un antiquaire expert en évaluation d’objets d’art et commissaire-priseur de vente aux enchères, élégant et maniéré au point de porter des gants parce qu'il déteste les objets touchés par d’autres que lui. Ce vieux garçon solitaire (son nom est d’ailleurs Virgil Oldman) n’a pas de femme dans sa vie, mais il a quelques amis autour de lui. Dès le début du film, on nous présente son arnaque: il fait établir des évaluations très en dessous de la véritable valeur de l’objet qui lui a su reconnaître et qui est ensuite acheté aux enchères par un complice à lui. Ainsi l’expert récupère pour lui une collection de tableau de renom qu’il garde chez lui… Quand il est contacté par une jeune femme qui désire vendre les nombreuses pièces de mobilier héritées de ses parents, il n’est guère intéressé jusqu’à ce qu’il découvre les pièces d’un automate rare. Or cette jeune femme est pendant longtemps seulement une voix au téléphone puisque absente aux rendez-vous, puis il parlera avec elle à travers une porte de sa demeure : Claire est agoraphobe et explique ne pas avoir de contact avec l’extérieur depuis une douzaine d’années. Il va se rapprocher d’elle d’abord pour soutirer au fur et à mesure des pièces de cet automate précieux, puis quand il la verra enfin, son cœur sera troublé… Il ne s’agit là que du début, et durant tout le film Giuseppe Tornatore va jouer avec les apparences, où chacun sera la convoitise de l’autre.
« Il y a quelque chose d’authentique dans une contrefaçon »
The Best Offer dure plus de deux heures, il lui faut cette durée pour installer un certain climat propice à conforter les spectateurs dans des certitudes qui lui sont décrites avant de le faire douter et ensuite de le bousculer. Le film prend son temps en distillant ici ou là quelques détails en apparence anodins mais dont le souvenir les transformera en indices.
Il y a tout un suspens autour de cette femme intrigante et mystérieuse que l’on découvre comme lui, progressivement : sa voix au téléphone, son œil derrière une porte, puis sa silhouette, son corps, et enfin… On partage son pouvoir d’attraction sur l’antiquaire d’autant plus que le film s’attache à nous décrire l’évolution du trouble qu’elle provoque chez l’arnaqueur. « Mon admiration pour les femmes est égale à la peur qu’elles me procurent, et à mon incapacité à les comprendre. ». Il y a autant de rejet que de fascination. Avec entre eux, cet automate qui sert d'appât.
Le piège de cette séduction à plusieurs niveaux est alors en place depuis longtemps, et la principale victime doit justement en être le spectateur qui se laisse prendre.
Le réalisateur Giuseppe Tornatore utilise avec maestria beaucoup de composantes du mystère (un héros avec ses secrets, une vaste maison avec ses trésors, une femme insaisissable) et autant d'ingrédients liés à la passion (obsession, voyeurisme, sublimation) pour mettre en scène les apparences d’une histoire qui en cache une autre. Et dont on ne doit surtout rien révéler. Notons que Geoffrey Rush nous offre le meilleur de lui-même par la même occasion.
Kristofy
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