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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Dans l'ombre de Mary : La promesse de Walt Disney (Saving Mr. Banks)
USA / 2013
05.03.2014
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TOUT VA DE TRAVERS
«- Ce ne sera certainement pas un film musical. »
Etrange projet que de filmer les dernières années du making-of d’un film culte. Nous voici plongés dans la marmite hollywoodienne. D’un côté, l’auteure d’un roman jeunesse au succès phénoménal. De l’autre le maître d’un empire du divertissement. Elle, psychorigide, revêche, un peu fauchée, vieille école et même vieille fille, dénuée de fantaisie : l’antithèse de son roman tel que Disney l'a transposé. Lui, mégalo, arrogant, milliardaire, presque Dieu sur terre. Le film aurait pu être un duel à fleurets mouchetés (et il l'est par instants). La littérature versus « l’absurde » Hollywood. La créatrice contre le pilleur. C’était prometteur.
Sur cette partie là, le film ne manque d’ailleurs pas d’intérêt. Tom Hanks et Emma Thompson – qui nous sort le grand jeu - s’harmonisent à merveille avec leurs dissensions. Deux artistes propriétaires de leur œuvre jusque dans leur chair. Et les multiples révélations sur le difficile processus d’adaptation est passionnant. Tel un nabab qui croit pouvoir tout acheter par des cadeaux et de l’argent, Walt Disney entre dans un match inédit contre une femme qui déteste tout ce qu’il fait. Ce work in progress entre deux redoutables négociateurs est à coup sûr la partie la plus réussie du film. Et lorsqu’on connaît le résultat final, le film finalement produit par Disney, ce Mary Poppins aussi pop que pastel, ces moments sont d’autant plus savoureux.
Le film commence à tanguer en cherchant à faire le lien entre le passé de l’écrivain Pamela Lyndon Travers et le roman Mary Poppins. La psychologie est parfois grossière, quand elle n’est pas bancale ou carrément trop appuyée (« Je suis en guerre contre moi-même »). Tous les flash backs qui nous renvoient à son enfance (et qui expliquent certains traits des personnages du roman, et même son message) alourdissent et ralentissent le récit. La comédie plaisante s’interrompt par de longues séquences pathos et mélos. Le film perd de son intensité en voulant flirter avec la tragédie familiale.
A ne pas choisir entre un biopic sur P.L. Travers et un film ironique sur Hollywood, John lee Hancock nous fait passer alternativement de l’ennui au plaisir, sans qu’on sache lequel des deux l’emporte. A vouloir racheté Mr. Banks, le père de l’écrivain et l’inspiration de Mary Poppins, le film s’empêche de sauver Ms. Travers. Ainsi l’ogre Disney gagnera sur tous les tableaux. Mary Poppins est un grand film. Bien plus que celui-ci qui restera à jamais dans son ombre, n’éclairant que par moments la magie qui a pu opérer au début des années 60 pour qu’une équipe de créateurs géniaux imaginent (sans LSD ?) un tel délire à partir d’un livre beaucoup plus sérieux en apparence. Disney en avait compris tout le potentiel. Tout son cinéma n’a qu’une source : la littérature. Son génie était de repérer les œuvres les plus fabuleuses. Il avait moins de flair pour gérer une écrivain vivante qui jette des poires dans la piscine et déteste Mickey, si peu subtil selon elle. Cruel?
vincy
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