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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La pièce manquante
France / 2013
19.03.2014
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LE SILENCE DE LA MERE
« Soyez heureux, malgré l'orage »
Mais qui a tué Paula ? Le premier long-métrage de Nicolas Birkenstock, sous ses airs faussement paisibles, a tout d'un thriller dans son approche et sa résolution. Alors que la famille d'André, de Paula et de leurs enfants, Violette et Pierre, semble en harmonie dès les premiers plans, une ombre vient peu à peu gâter le tableau. Une ombre à la fois littérale et métaphorique qui sépare la mère et le reste de sa famille. « J'aurai voulu ne jamais partir, mais c'est décidé. Je vais le faire, car sinon je mourrai. » écrit Paula avant de disparaître. Les bruits du début commencent alors s'estomper pour laisser place à un silence pesant.
André, coiffeur et « habile de ses doigts », cède d'abord à la panique et engage un détective. Très vite, il s'enferme dans la sculpture – art qui permet de forger sa propre réalité – et refuse toute aide extérieure. Afin de contrôler la situation – ou du moins d'en donner l'impression – il interdit aux enfants d'en parler à l'école, aux cousins et aux voisins. Pierre, le petit dernier, choisit de se taire et de continuer à jouer. Violette, elle, pose des questions. Les mauvaises questions. Le fameux « pourquoi » qui hante le film et n'appelle pas de réponse.
Pas un instant complaisant: le réalisateur observe le comportement des personnages. Filmée en été, la maison familiale ressemble à un havre de paix qui se situe en dehors du temps et de l'espace. Les protagonistes y vont et viennent et seuls eux semblent changer. L'absence de la mère finit par investir les moindres détails. André parvient à sculpter un centaure – figure mythologique que chérissait sa femme – et Violette à sauter le pas, autant dans son cours de gymnastique que dans sa vie amoureuse. Mais l'équilibre reste instable. Ne sachant plus à quoi se rattacher, André pratique un rituel d'amour qui consiste à placer les prénoms de deux personnes au cœur d'une pomme et de mettre celle-ci au centre du lit conjugal. Un acte désespéré pour le terre-à-terre qu'est André, mais une façon habile d'instiller le thème de la pomme de discorde.
Si le film parvient à raconter l'absence de la mère sans verser dans la contemplation, le dénouement reste toutefois assez décevant. En donnant une réponse définitive et plutôt banale au départ de Paula, la réalisation perd en tension dramatique. Et le crime, lui, en devient moins mystérieux. Emeline
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