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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Closed Circuit
/ 2013
26.03.2014
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SOUS SURVEILLANCE
« Transparence, équité, intégrité »
Borough Market, sud-est de Londres. Les cris de ses marchands ambulants, la couleur de ses étals, ses odeurs de charcuterie et de fromage... Mais à mesure que le plan s'élargit, que l'image vire au bleu pétrole, le spectateur suspecte une présence envahissante, en retrait. La foule se décompose alors en une myriade de petits écrans. Une explosion, et le ton est donné.
Le prologue de Closed Circuit (qui signifie littéralement "vidéo-surveillance") révèle toute la contradiction du gouvernement britannique en matière de sécurité nationale : un dispositif de vidéo-surveillance digne de Big Brother, qui peine pourtant à éviter les actes de terrorisme. Rapidement, les médias s'emparent de l'affaire. Un homme d'origine turque, Farroukh Erdogan, est soupçonné d'avoir fomenté l'attentat qui a provoqué 120 morts. Pendant ce temps, alors que le procès commence, trois mots du procureur général viennent qualifier la procédure de « transparente, équitable et intègre."
Le réalisateur John Crowley s'attaque à une problématique on ne peut plus actuelle : Londres est la ville la plus surveillée du monde, avec plus de 500 000 caméras réparties dans le métro, les magasins, les bureaux... Une vidéo-surveillance amorcée suite aux actions de l'IRA et accrue depuis les attaques terroristes de juillet 2005. Mais la paranoïa, ici, prend place non pas au sein du gouvernement, mais dans le cadre du système judiciaire – là où la notion de justice est censée être mise le plus strictement en application. En faisant de ses deux protagonistes des avocats – amoureux qui plus est – (Eric Bana et Rebecca Hall), John Crowley peut ainsi montrer les ambiguïtés du procès d'un point de vue interne. Ambitieux, tenaces et persévérants, Martin Rose et Claudia Simmons-Howe sont chargés de défendre l'accusé. Ils comprennent très vite que le MI5 est lié à l'attentat du Borough Market. Mais dans la cour des grands, mieux vaut apprendre à se faire petit...
« On ne fait pas le poids », dira Claudia. « Avocate spéciale », celle-ci a accès à la preuve secrète qu'elle finira par présenter dans une session à huis clos. Dès lors, le couple qu'elle forme avec Martin devient l'objet d'une lutte acharnée pour protéger les intérêts de la sécurité nationale. D'où le paradoxe et une certaine amertume. Tous les éléments du thriller sont réunis et pourtant, le propos du réalisateur, sur la fin, manque de relief. Martin et Claudia – qui se sont retrouvés grâce à l'affaire – regardent la Tamise, et dissertent sur la justice. A croire qu'il faille choisir d'obéir, ou du moins, d'accepter cette vision d'une justice « transparente et intègre ».
Au final, Closed Circuit est un bon divertissement – captivant, mais en surface – qui, niveau réalisation, ne prétend pas à l'élégance de La Taupe, signé des mêmes producteurs. Emeline
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