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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Captain America : Le Soldat de l'Hiver (Captain America: The Winter Soldier)
USA / 2014
26.03.2014
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95 ANS ET TOUJOURS PUCEAU
Parmi le nombre incommensurable de héros Marvel, Captain America est incontestablement le plus vanné de la fabrique de superhéros américains. Certains fans de chez l'oncle Sam n'hésitent pas à se moquer du vétéran des Avengers en le qualifiant de héros fade, archétype d'un patriotique Mister America. Avec son corps d'Apollon, son âge canonique, son absence de super-pouvoirs - hormis son bouclier, et son célibat endurci d'ancien chétif, Captain America ne fait pas forcément fantasmé. À ce jour ,son seul et unique baiser a été échangé juste avant qu'il ne plonge dans les mers glacées de l'Amérique des années 40. «Il n'est pas le plus cool de la bande, et il est même parfois ennuyeux» affirme Chris Evans, son interprète. Forcément, avec ses biceps, on imagine que les séances de masturbation sont trop rapides...
C'est un monsieur d'un autre temps en somme. C'est sous cet angle que Captain America peut s'avérer intéressant. S'il arrive à soulever des camions et à encourager les troupes, la véritable épreuve est bien de parler à une femme, ce qui, pour lui, ressemble à une balade sur un champ de mine. Utiliser Internet est une mission impossible (en plus, le vieux a dû mal à se mettre à la page). Il lui reste son amour de la castagne, de l'auto-dérision et ses capacités de véritable leader. Mal aimé, peu sociable ou timide, Captain America mériterait d'être revalorisé : on a tous le droit d'être différents.
Dans ce deuxième volet, son personnage est creusé un peu plus en profondeur. Captain America: le soldat de l'hiver est le passage à l'âge adulte du héros : il progresse et transpire le sexe. Si le premier volet de Captain America était la traditionnelle entrée en matière, avec présentation, traumas et actes symboliques, celui-ci, plus adulte, se centre davantage sur le caractère des personnages et leur psychologie pas toujours saine. Entre Fury et ses vieux démons, Black Widow et son charme qui cache une lourde souffrance et le pauvre Captain toujours vierge qui se questionne sur les valeurs d'un pays qui ne reconnait plus, Captain America; Le soldat de l'hiver est le film de la puberté.
Sexe et maturité
La tension sexuelle qui règne entre Black Widow (Scarlett Johansson, la bombe du siècle contre laquelle aucun bouclier ne peut résister) et notre superhéros est palpable à chaque minutes du film. Dans les regards, les menaces façon «je te prend violemment contre un mur pour que tu m'expliques ce que l'on me cache» (Cinquante nuances de Grey chez Marvel?). Captain Rogers respire la testostérone et on s'impatiente à l'idée qu'il tire enfin son coup. Hélas, Monsieur «n'a pas le temps pour ça», et il préfère défendre le Shield et son pays d'une menace forcément surpuissante nommé le Soldat de l'hiver. Pas étonnant donc qu'il cogne partout: un mec aussi frustré sexuellement à besoin de libérer ses désirs refoulés. Meilleur combattant que dans Avengers, il s'est amélioré au point de nous offrir une belle scène de combat, celle dans l'ascenseur, où il se retrouve encerclé par une vingtaine d'agents.
Captain America ne serait donc qu'une histoire de sexe? Pas seulement puisque la politique et l'idée de complot sont très présentes dans le film. Aidé par Black Widow (qui vole carrément la vedette à Captain avec ses sauts et ses coups de pieds), notre héros de la seconde guerre mondiale devra lutter contre un système hypocrite et aveuglé par le profit.la métaphore est grossière et encore une fois, heureusement que les femmes sont là. Nazis nostalgiques, white-collar pourri (Redford, lui-même sorti d'hibernation), gangsters pros : la civilisation se déglingue.
Bien ficelé, plein d'humour, bourré de référence du genre (clin d'œil aux autres Avengers et à l'histoire) et truffé de révélations, il est davantage la prolongation de The Avengers que la suite du premier Captain America, y compris qualitativement. A l'instar d'Iron Man 3, il semble que les films Marvel aient retrouvé un peu de souffle. En montrant à quel point il est compliqué de recycler un tel personnage directement issu de la seconde guerre-mondiale, Disney tente de jouer sur ce décalage. Chris Evans ne manque pas de charme, mais le scénario ne lui offre pas forcément de quoi sauver un personnage impavide.
Certes ces aventures n'ont rien d'originales. La noirceur attendue est vite détournée par la dérision et la fantaisie. Le contrat est rempli : efficace. Les spectateurs français apprécieront les références à De Funès et Zola (même si ce dernier doit se retourner dans sa tombe en étant le nom d'un dangereux logiciel qui menace l'ordre du monde). A mélanger trop de cinémas, le film en perd son ADN : comme ce pauvre Steve Rogers qui se voit transformer en bodybuildé par expérience scientifique, le film est dopé par les effets spéciaux et ressemble à un corps parfait. Mais, il serait temps que notre Capitaine passe à l'âge adulte et qu'il affronte la réalité.
cynthia
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