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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Real (Riaru: Kanzen naru kubinagaryû no hi)
Japon / 2013
26.03.2014
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INSIDE MAN
"Ce sera comme un rêve"
Atsumi est une jeune dessinatrice de manga qui file le parfait amour avec son ami Koichi, en apparence du moins car celle-ci a fait une tentative de suicide qui la laisse dans le coma. L’hôpital propose à Koichi d'expérimenter un nouvel appareil médical dont les fils connectés au cerveau permettent durant une courte durée de "communiquer" avec le cerveau de Atsumi inconsciente. Ainsi il peut pénétrer dans son subconscient pour comprendre la raison de son dramatique geste, elle va d'ailleurs le mettre sur la piste avec notamment l'énigme d'un dessin d'enfance à retrouver...
Real marque le retour de Kiyoshi Kurosawa à son domaine de prédilection qui est le cinéma fantastique : Shokuzai sorti chez nous en deux parties en salles était en fait un feuilleton de cinq épisodes produit pour la télévision, et il y a cinq ans Tokyo Sonata sélectionné à Cannes était aussi plus centré sur les liens familiaux. Chez Kurosawa, le cinéma fantastique fait le plus souvent intervenir le surnaturel dans le réel, sa filmographie est d'ailleurs traversée par une interrogation sur ce qu'est justement la réalité. En adaptant le livre A Perfect Day For Plesiosaur de Inu Rokuro, il trouve donc le terrain de jeu idéal pour ce qui le passionne.
Le film fonctionne d'ailleurs presque par différents chapitres où la découverte d'un élément amène une quête, puis une étonnante révélation va bousculer ce que l'on croyait savoir, et enfin une énigme ravivera un douloureux souvenir enfoui dans le passé, lequel devra être combattu pour un éventuel retour au présent... Comme souvent chez Kurosawa, le surnaturel se matérialise dans la réalité de son personnage principal pour lui faire expier une faute ou soulager un deuil, mais ici presque toute l'histoire se déroule dans le cerveau d'une personne dans le coma connectée à l'être aimé. Cet espace mental est visualisé comme une réalité parallèle avec d'abord un décor presque identique au présent (en particulier l'intérieur de l'appartement de Koichi et Atsumi) mais perturbé par des visions étranges et ensuite un environnement presque identique à un souvenir du passé (surtout une île où ils ont vécu durant leur enfance). On verra se qui semble être différentes expériences de connection au cerveau de l'autre, visuellement le passage de la réalité tangible à une réalité virtuelle se fait d'ailleurs avec différentes "perturbations" dans l'image : la vision effrayante de cadavres dessinés par Atsumi, un décor flou quand Koichi roule en voiture, de l'eau qui envahit leur appartement, des spectres sans consistance, une surprenante créature... Cette exploration mentale est une découverte en plusieurs paliers d'un trauma qu'il faudra identifier en allant de plus en plus loin dans les souvenirs, jusqu'à enfin essayer de le regarder en face et de le combattre pour en guérir.
Kiyoshi Kurosawa livre ici un film des plus passionnants qui rassemble en même temps les ingrédients d'une science-fiction futuriste (avec un voyage dans l'esprit d'un autre) et aussi les traditionnelles clés d'une histoire de fantôme (avec une âme qui n'est pas en paix après un accident). Le fait de se connecter au cerveau d'une autre personne est quelque chose qui nous est d'ailleurs facilement compréhensible depuis Matrix ou Inception, ou, pour rester dans le cinéma japonais, depuis Avalon de Mamoru Oshii ou Paprika de Satoshi Kon. Les débuts du fonctionnement de ce genre de machine était même au cœur de Vanishing Waves (sorti en mai 2013). Le cinéma affirme depuis longtemps que le concept de réalité virtuelle est en fait une réalité moins parallèle que complémentaire, voire plus importante. Avec Real, la puissance de l'imaginaire et surtout la force des souvenirs revisités et interprétés sont le moyen d'être reconnecté (dans tout les sens du terme) à la vie. On y verra d'ailleurs une île qui est devenu un désastre écologique presque inhabitable du fait d'un projet d'aménagement qui a mal tourné, comme une allusion au traumatisme nucléaire de Fukushima. Et si Real joue avec les codes du film de fantômes, c'est aussi pour jouer avec le spectateur.
Kiyoshi Kurosawa avait dit lors d’une précédente rencontre qu'il avait "un questionnement quant à comment mettre en images la mort, le fantôme qui apparaît traduit surtout un trouble mental chez le personnage qui lui fait face." Kiyoshi Kurosawa nous propose cette fois un extraordinaire mélodrame, ou comment une exploration des souvenirs refoulés portée par le souffle de l'amour peut libérer de la mort. Avec Real, on découvre un vertigineux labyrinthe de l'esprit en même temps qu'une fantastique odyssée visuelle. Kristofy
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