Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Dancing in Jaffa


USA / 2013

02.04.2014
 



DANSEZ COMME VOUS ÊTES





« Si mon père me voit danser avec un Arabe, il me tue »

Comment faire danser ensemble des enfants palestiniens et israéliens ? C'est le formidable pari qu'a souhaité relever Pierre Dulaine, champion du monde de danse de salon, en 2011. Après sa naissance à Jaffa en 1944 d'une mère palestinienne et d'un père irlandais, sa famille quitte le pays au moment de la création de l’État d'Israël. En Angleterre, où les Dulaine se sont installés, Pierre commence à danser et remporte de nombreux prix. A New York, où il vit, il fonde en 1994 les « Dancing Classrooms », programme auquel ont participé plus de 350 000 enfants en Amérique du Nord et en Europe. Son rêve est d'exporter ce programme dans sa ville natale, où les tensions entre les différentes communautés sont encore prégnantes.

Le documentaire s'ouvre par des images d'archives montrant Pierre Dulaine et sa partenaire Yvonne Marceau danser sur une scène new-yorkaise dans les années 1980. Lentement, les images disparaissent pour faire place à Pierre Dulaine aujourd'hui, de dos, sillonnant les rues de Jaffa, qu'il n'avait pas revue depuis son enfance. Le danseur aux maintes récompenses tente ici de recoller les pièces de son passé. En toute humilité, il réussit à convaincre cinq écoles – deux juives, deux arabes, et une mixte – de participer au programme en vue d'une compétition finale. Pendant la réunion parents-profs, ce genre d'initiative fait grincer des dents. C'est encore plus perceptible du côté des parents palestiniens, pour qui les filles ne doivent pas danser avec les garçons. Mais Pierre, lui, ne fait pas de politique. « Quand on danse avec quelqu'un, peu importe qu'il soit arabe, juif, ou chrétien. C'est d'abord un individu. »

C'est là la principale qualité de Dancing in Jaffa : réunir des enfants d'origines différentes par le biais de l'art qui, par définition, a le don d'abolir toute différence. Les élèves ne sont pas franchement à l'aise au départ, mais le danseur, patient – et tellement drôle ! - parvient à surmonter cette difficulté. « C'est difficile au début, mais c'est comme ça qu'on apprend à travailler avec d'autres personnes », leur explique-t-il. Le film n'est pas politique, mais de façon ludique, il interroge les croyances et barrières mentales qui accentuent le fossé entre Israéliens et Palestiniens. Pour illustrer ce propos, la réalisatrice Hilla Medalia se focalise sur le parcours de trois enfants : Noor, israélo-palestinienne, introvertie ; Loïs, juive, dont la mère a décidé d'avoir des enfants toute seule, et Alaa, israélo-palestinien musulman, qui vit dans un quartier pauvre de Jaffa. Au terme des dix semaines de programme, ils en viennent tous à danser ensemble. Et au-delà, à se respecter, et à se faire confiance. Ils apprennent également à faire un pas dans la connaissance de l'Autre. Une scène révélatrice, au début, montre la jeune Loïs en train de faire l'amalgame entre Arabe et musulman. Plus tard, elle rendra visite à Alaa dans sa maison de fortune.

« Je ne peux pas échouer », martèle Pierre Dulaine à Yvonne Marceau. Car s'il est facile de faire danser une fille juive et un garçon juif ensemble, cela l'est beaucoup moins pour une fille arabe et un garçon juif. Le documentaire rend compte de cette tension permanente à travers des manifestations ou l'intervention d'un chauffeur de taxi palestinien qui a perdu « quatre de ses amis » et n'a « plus confiance ». Mais au moment de la compétition finale, où 84 élèves sur 150 ont été retenus, cette tension semble s'être (presque) évaporée. Parents juifs et arabes se côtoient, alors que leurs enfants dansent et s'épanouissent.
 
Emeline

 
 
 
 

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