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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Inséparables
France / 1999
17.11.99
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UN CHIEN DANS UN JEU DE QUILLES
"- Fumer provoque le cancer. Mourir de ça ou d'autre chose... "
Robert fait partie de ceux-là même qui, dans les années 70 refusèrent le monde du travail et la fatalité. La quarantaine bien engagée aujourd'hui, il se retrouve au carrefour de sa vie. Il voulait faire l'acteur, mais cela n'a pas marché. Sa vie amoureuse est également un échec. Et à 40 ans, cela fait beaucoup. Sur un coup de tête (au sens propre et au sens figuré), il décide de revoir les siens et part chez sa soeur, comme si cela pouvait l'aider à analyser sa vie pour pouvoir repartir sur de nouvelles bases. Michel Coulevard nous raconte donc cette chronique familiale où personne n'a vraiement réussi sa vie. Gisèle et Momo, la soeur et le frère de Robert, se retrouvent eux aussi enfermés dans leur quotidien. Elle, malgré son emploi sécurisé, est seule, et vit une histoire d'amour vouée à l'échec avec un homme marié ("C'est mon chef. Je sais pas pourquoi je me justifie, il est marié."). Lui, attardé mental, est obligé de rester chez sa mère car incapable de se débrouiller seul. Et tout se petit monde se croise, se retrouve...
"Je suis un raté. J'ai tout raté", affirme Robert à sa soeur, comme s'il prenait conscience que toute sa vie est un fiasco. En fait, comme tout frère et soeur, il y a des liens puissants qui lient les êtres. Cela permet de s'ouvrir totalement et d'exprimer librement ses sentiments. Le cinéaste essaie de jouer sur cette relation pour faire évoluer cette histoire mélancolique filmée à Boulogne-sur-Mer. On appréciera le travail sur l'image de cette ville du nord de la France où les immeubles sont gris et le port ouvert sur la mer. Tous les personnages (principaux et secondaires) affrontent leur solitude, à leur niveau et selon des degrés différents: la solitude du raté, la solitude de la femme blessée, la solitude de la veuve. A cette solitude s'ajoute la frustration d'avoir loupé quelque chose. Mais pour Gisèle, il est plus difficile de partir et de tout recommencer ("Parfois, j'aurais envie de prendre mes clics et mes clacs, mais je ne sais pas où j'irai"). D'ailleurs, tous les personnages manquent de combativité; ils sont plutôt fatalistes.
Malgré l'ajout d'une musique composée par Arthur H., rendant à ce film un certain rythme, la réalisation se révèle au fur et à mesure nonchalante et poussive. Le duo Darroussin/Frot sauve l'histoire, car le cinéaste a su les utiliser à bon escient dans cet espèce d'éloge sur l'amour fraternel. chris
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