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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les yeux jaunes des crocodiles
France / 2014
09.04.2014
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PLUS MOCHE LA VIE
«- Mange ton homard et laisse-le avec sa morale.»
Best-seller de Katherine Pancol, Les yeux jaunes des crocodiles est un mélodrame familial dénué de passion et d’émotion. Ce n’est pas le moindre mal. Cécile Telerman colle les scènes comme un bout à bout sans souffle, provoquant un sérieux ennui tant l'ensemble est plat. Il faut tout le talent et la personnalité de Julie Depardieu, de Jacques Weber et d’Alice Isaaz pour sauver quelques meubles. Les personnages sont caricaturaux. Les seconds rôles vont et viennent au gré des besoins du script, sans pouvoir se construire un personnage solide et enrichissant. Les liens entre tous ces protagonistes sont dénués d'originalité. Et comble de tout, l’invraisemblance de certaines situations embarrasse plus qu’il ne fait sourire.
Tout cela en ferait un film à la Danièle Thompson, sans l’ambition de vouloir faire rire (ce qui n’est finalement pas plus mal).
Reste le malaise que provoque un tel sujet : la rousse « prolo », savante mais pauvre, introvertie et malheureuse (forcément elle divorce, manque de fric, ne sort pas dans les grands restaurants) versus sa sœur, blonde, superficielle, grande bourgeoise qui s’emmerde, mère indigne, nostalgique de ce qui aurait pu être une vie glorieuse. Paraît-il belle (Emmanuelle Béart) si on aime le botox et le collagène.
De leur caractère découle leur destin. Les clichés s’enchaînent. Dans la série « Famille, je vous hais », nous assistons à toutes les configurations. Les dialogues appuient là où il faut qu’on comprenne le message. Le regard social n’est pas plus subtil. La psychologie des uns et des autres est grossièrement décrite. Les trahisons sont balancées comme dans un soap américain où la mère découvrirait que son fils, mort quatre saisons plus tôt, est en fait vivant et qu’il avait échangé ses dents avec un autre pour faire croire à son décès.
De ces relations empoisonnées, il y avait pourtant matière à faire : il suffisait d’oublier le roman. Se focaliser sur l’essentiel : une société corrompue, des individus possessifs, un passé toujours trop pesant, les mirages du bonheur dans un monde sans culture. Comme pour le sujet du livre que veut écrire la blonde et qu’écrira la rousse « il faut de la science et du souffle<:i>. » Le problème c’est qu’il n’y a ni l’un ni l’autre. Et ne parlons pas des hommes dans ce film : au mieux lâche, au pire fourbe. On veut nous faire croire que les femmes sont prisonnières, victimes. On ne parvient jamais à s’en rendre compte tant la réalisation manque d’inspiration et de relief.
De Courbevoie à Courchevel, l’indécence et la déchéance l’emportent sur toute dignité. Tout cela avec lenteur, sans excès, sans style. Il faut attendre les dix dernières minutes pour que la bombe explose, qu’un désastre anéantisse 40 années de vie familiale et rabatte les cartes. Là, enfin, il y a une envolée, un lyrisme, un romantisme qui séduit. Tout ce film basé sur le mensonge nous avait assoupis. Dès que la vérité éclate, on se réveille. Hélas, la belle histoire qui se dessine, la véritable tragédie qui s’ouvre à nous, avorte brusquement. C’est déjà la fin alors que Cécile Telerman tenait enfin le début d’un beau film. Ce que deviennent les personnages après une telle déflagration promettait davantage que cette observation de leur désagrégation.
vincy
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