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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Insider (L'initié)
USA / 1999
08.03.00
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TOBACCO FRAUDE
"- La vérité n'a aucune importance...!"
The Insider est une oeuvre qui s'insinue avant tout. Son esthétisme, sa mise en scène, et son double-sujet politique (le tabac, les médias) en font un film presque distant, parfois trop stylisé peut-être et amène énormément de questions sur un système où les pouvoirs se confrontent : médiatique, économique, juridique...
Mais Michael Mann, en évitant les longueurs de Heat, nous dévoile surtout une signature inattendue, visuellement et humainement parlant. Pas très loin du film expérimental, le film a l'aspect d'un magazine papier glacé. Une réalisation, carrée, épurée, et le montage fluide (manipulant les ralentis) permettent à la fiction de devenir reportage, et inversement. En jouant avec le son, les silences, en relevant les doutes de ses personnages avec des éclairages très étudiés, Mann réussit à créer une atmosphère qui rappelle à la fois Les Hommes du Président et un film d'Assayas ou de Soderbergh. Froid. Dommage que des images trop rapides, des caméras à l'épaule trop saccadées rendent confuses certaines scènes et leur propos. Certaines séquences dilluent même le sujet...
Mais The Insider puise sa force dans les conflits, intérieurs, ceux des êtres humains, mais aussi extérieurs (ceux des enjeux économiques, professionnels...). En choisissant deux héros imparfaits, un scientifique et un journaliste, un utopiste et un idéaliste, Mann reprend ce qui faisait l'énergie de Heat. Un duo d'hommes en proie à leurs contradictions, amis malgré eux, prêts à faire un bout de chemin ensemble pour le bien de leur cause... Chacun menant sa guerre dans un seul but.
Deux hommes qualifiés qui se battent contre cette Nicotine Génétiquement Modifiée, mais aussi contre la corruption d'un système, en clair pour une certaine transparence, une indépendance fragile. Si de la part de vieux briscards comme Pacino et Plummer, on ne s'étonne plus de rien, naturellement excellents, Russell Crowe livre une interprétation prodigieuse, imprévisible. On comprend toutes ses conneries, toutes ses envies, ses failles comme cette folie qui le pousse à vouloir le bien public. On s'inquiétera plus de la place des femmes : lâche, vorace ou marionnette...
Artistiquement beau et bon, The Insider reste avant tout un script puissant. Un scénario qui dénonce la dépéndance de la nicotine, les méthodes meurtrières des industriels, les mécanos entre les médias, les implications entre une équipe de journalistes et Wall Street... Le TobaccoGate, avec un zeste de pessimisme en plus. Le système est menacé... les extrêmes tant juridiques que médiatiques sont critiquables. Plus inquiétant, la faiblesse du pouvoir exécutif.
Il ne se passe rien : ni enquête, ni poursuite... à peine y-a-t'il des menaces de mort, des frayeurs par éclair... l'action se déroule sans suspens et avec peu d'enjeu. C'est peut-être la plus belle réussite de ce film : Michael, avec maestria - même s'il abuse de la répétition des scènes (à la Wong Kar-wai) - nous captive durant plus de 2 heures et demi avec une politique-fiction, plus proche du docu que du thriller. C'est réjouissant de voir un film qui essaie d'avoir lui-même une réflexion politique et une utilité publique... sans nous ennuyer. vincy
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