Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 15

 
Avant l'aube (Vidyum Mun)


Inde / 2013

30.04.2014
 



LA PROSTITUTION ENFANTINE A KOLLYWOOD





« A 12 ans... C'est une enfant, pas une "fille" »

Envie d'un drame sentimental sur fond de musique envoûtante ? Passez votre chemin. Avant l'aube n'a rien d'une production bollywoodienne. Le cinéma de Kollywood (cinéma en langue tamoule produit dans le sud de l'Inde) est le petit frère des studios de Bombay, et les films n'en sont pas moins produits à la chaîne, avec force scènes de danse et d'action. Mais ici, le réalisateur Balaji K. Kumar oublie ce qui fait le bonheur de millions d'Indiens pour délivrer un thriller d'une noirceur inédite, proche du cinéma de Michael Mann. Il n'est pas étonnant de trouver des traces du cinéma américain dans ce film tamoul. Après tout, Kumar a fait ses preuves comme scénariste et concepteur visuel en Californie à ses débuts.

Au vu des sujets abordés (la prostitution enfantine et la pédophilie), le réalisateur aurait très bien pu se contenter d'offrir une vision misérabiliste, doublée d'une condamnation morale, d'un phénomène largement répandu en Inde (13 enfants par heure y disparaissent, d'après le rapport de la Fondation Scelles en 2013). Certaines scènes rendent inévitablement mal à l'aise, mais sans être choquant, Avant l'aube interroge avec pudeur et subtilité les causes et les conséquences de nos actions. Le personnage de l'enfant (Malakiva Manikuttan, jeune actrice prometteuse) permet au film de porter un regard neuf et distancé sur la réalité de notre monde, sans jugement.

Les (nombreux) protagonistes, de fait, échappent à toute catégorie. Le maquereau, archétype du vilain dans les thrillers traditionnels, est aussi un humain qui veut sauver sa peau. La femme qui se prostitue n'est pas incorruptible et assume son travail, ce qui ne l'empêche pas de sauver une petite fille des mains d'un riche pervers. Dans les dernières minutes, le tueur sans pitié dont les intentions sont masquées, se révèle être une victime qui mène sa propre vendetta. En ayant construit des personnages ambivalents et complexes, Kumar délivre une intrigue aussi profonde que surprenante, qui se paie le luxe de recourir parfois à l'humour noir.

En revanche, visuellement, le film aurait gagné à plus de sobriété. Avec leurs faux décors et leurs grossiers effets sonores, certaines scènes (la dernière surtout) laissent une impression désagréable de « m'as-tu-vu » qui rappelle trop, justement, le kitsch bollywoodien.
 
Emeline

 
 
 
 

haut