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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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D'une vie à l'autre (Zwei Leben - Two Lives)
Allemagne / 2013
07.05.2014
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PÉCHÉ ORIGINEL
Un thriller germano-nordique, ça se distingue avant tout par l’atmosphère (pas vraiment chaleureuse), des histoires sombres de passé hanté et de complot bien contemporain, et des relations familiales toujours un peu tordues.
D’une vie à l’autre ne fait pas exception. Les Nazis et la Stasi de l’Allemagne de l’Est ressurgissent largement après la chute du mur du Berlin. Misant davantage sur le mystère que sur la noirceur, le film se dote d’un fond psychologique où les relations entre la mère et la fille sont perturbées par la grande Histoire comme par leurs petites histoires.
Mais, pour tenir en haleine le spectateur, le film s’ajoute en bonus une histoire d’espionnage. Nous manipulant avec ambiguïtés et retournements de situations, nous voici dans un puzzle où l’ambivalence règne : les dédoublements de personnalités, la révélation des faits, les transferts d’identité rendent l’intrigue complexe, et assez jouissive. Il y a une bipolarité (espace, temps, personnages) maîtrisée. Le film, en version originale, ne s'appelle pas Deux vies pour rien.
Le film s’axe autour d’un moment : quand la fille doit reconsidérer toute sa vie. Tout s’entrechoque et cela provoque un séisme familial qui met en péril chacun des membres. 20 ans de vie commune mis à la poubelle avec la fin d’un mensonge censé protégé tout le monde.
Le scénario est habile et tortueux. L'interprétation impeccable. La mise en scène, sans être exceptionnelle, nous happe facilement avec un montage très « cut » : pas de gras. On peut toujours gratter le fond : toute vérité est-elle bonne à dire, à savoir ? Mais nous n’avons pas le temps d’y réfléchir. D’une vie à l’autre mélange mélo et thriller, tragédie et justice, avec en arrière plan de très beaux paysages norvégiens.
Le plaisir est réel. L’issue fatale et sans appel. C’est aussi à cela qu’on reconnaît un polar germano-nordique : il n’y a pas de compromis. La corruption, ici celle du présent par les erreurs de l’histoire, les choix du passé et l’égoïsme des individus, conduit forcément les protagonistes dans le mur (de neige). Tout est pourri dès le début, sans que personne ne soit vraiment responsable. C’est donc forcément dégueulasse sur la fin. Et pourtant, tout est moral. D’une vie à l’autre captive ainsi de bout en bout, sans effets spectaculaires.
vincy
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