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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les poings contre les murs (Starred Up)
/ 2014
04.06.2014
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FIST & FURIOUS
Les poings contre les murs offre un nouveau souffle aux films du genre. Porté sur les lourdes épaules musclées d'un Jack O'Connell magistral et déroutant, ce film est une véritable bombe en milieu carcérale.
Dès la première scène nous voici immergés dans le bain. Un jeune homme menotté puis déshabillé et fouillé au plus profond de son être fait son entrée en prison. Eric à 19 ans et contrairement aux jeunes de son âge, il n'arbore pas les bancs de la fac mais ceux de la maison de correction. Délinquant instable et violent, il est transféré dans un centre pénitentiaire pour adultes. Jeté prématurément dans cet univers agressif, il y retrouve Nev, son père, incarcéré aussi. Père qu'il n'a pas vu depuis ses 5 ans. Autant vous dire que leur relation est loin d'être une relation papa/enfant classique et revisite l'exercice pourtant abordé de multiples fois au cinéma.
Les poings contre les murs ne montre pourtant pas uniquement l'enfer carcéral et la violence d'un jeune adulte derrière les barreaux. Le film est également un drame social et familial. C'est ce mix qui fait toute la beauté du film. On passe ainsi de Prison Break (pour les bastons à répétitions) au Cercle des poètes disparus (à travers les réunions anti-violence) tout en étant bercé par cette relation père/fils vouée à l'échec et fouettée par les attaques entre détenus (jusque sous la douche). Pris à bout de bras pendant tout le film, on en perdrait notre liquide lacrymal tant nos yeux sont ébahis pendant plus d'une heure. David Mackenzie (qui ne nous avait pas habitué à tant de maîtrise dans ses précédents films) signe ici un véritable petit chef-d'oeuvre, un plaisir de la rétine à la violence incandescente. L'histoire, les répliques ou encore la manière dont les scènes sont filmées, rien est laissé au hasard. Tout cela servi avec des acteurs plus que talentueux, en particulier le bad sexy boy Jack O'Connell.
Son visage à la fois enfantin et durcit par la vie (il a vécu dans une famille plus que modeste et a perdu son père en 2009) est rebelle mais classe. Dans Les poings contre les murs, son interprétation est impressionnante. On sent que Jack s'est donné corps (nu souvent) et âme dans ce rôle. L'acteur britannique aux origines irlandaises offre une prestation magistrale et sans clichés. La force qui émane de l'acteur rend son personnage plus intense, et même époustouflant.
Il fallait une telle incarnation pour que l'aspect documentaire se mue en en fiction observatrice, quasiment clinique. Malgré toute la dureté du film, il y a des éclats de lumières, des fulgurances positives qui ne le rendent pas binaire ou même monochromatique. Le genre est respecté, mais il est nuancé, enrichit, de multiples détails réalistes et utiles pour le récit. L'homme a ceci de supérieur à l'animal qu'il peut survivre même en milieu hostile. Ici la rédemption n'est pas le propos. Il s'agit plutôt de l'émancipation. Le fils par rapport au père, le prisonnier par rapport à son environnement. Bien sûr cela nécessite du pragmatisme, des concessions. Mais cette immersion nous aura tellement happés qu'on n'en ressortira pas indemnes. Comme si nous avions été touchés par une déflagration dont le choc nous aura sonnés. cynthia
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