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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Palo Alto
USA / 2013
11.06.2014
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UNE JEUNESSE CALIFORNIENNE
Chez eux le cinéma est devenu une affaire de famille : Gia Coppola est le premier pion de la troisième génération des Coppola, après Roman et Sofia Coppola (dont elle est la nièce) et son illustre grand-père Francis Ford Coppola, la sœur de celui-ci Talia Shire est actrice, sans compter les cousins - Nicolas Cage et Jason Schartzmann. Une dynastie de cinéma. Les uns se retrouvent d’ailleurs sur le plateau de tournage des autres. Dans Palo Alto on retrouve générique les noms de Talia Shire et de Robert Schartzmann (le musicien de la famiglia). Comme Sofia qui avait adapté un roman d’adolescence pour son premier film Virgin Suicides, Gia suit le même chemin avec Palo Alto, recueil de nouvelles écrites par James Franco sur son adolescence.
On y lit différentes histoire de (sa) jeunesse qui se terminent toutes en drame, tout en abordant des thèmes sensibles : racisme, armes à feu, vandalisme, différentes expériences de sexe et de drogue… C’est en fait la nouvelle intitulée "April" qui a été adaptée en film (c’est d’ailleurs la plus cinématographique, les autres sont plus matière à courts-métrages). On y croise les personnages principaux de cette histoire "printanière", mais quelques éléments sont piochés ici ou là dans d’autres nouvelles du recueil ("Emily" et "Chinatown" pour le second personnage féminin). Alors que James Franco faisait une description parfois glauque d’un quartier de cette banlieue de San Francisco, Gia Coppola a choisi celui qui est peut-être le moins tendancieux pour en faire un portrait de jeune-fille d’aujourd’hui.
La fin de l’adolescence a toujours été synonyme de perte d’innocence, et c’est le terreau idéal pour un premier film. Entre Outsiders et Virgin Suicides, le scénario de Gia Coppola repose sur l’ossature déjà très solide de la nouvelle, en y apportant sa propre sensibilité. Autour de la figure centrale de la jeune April (Emma Roberts) qui laisse arriver les choses il y a Teddy (Jack Kilmer) qui lui se laisse influencer par les excès de son ami Fred (Nat Wolff). On croise aussi Emily (Zoe Levin) et Mister B (James Franco himself) le prof de sport, père divorcé... Il va apparaître que si les amitiés sont faciles et véritables, l’amour est plutôt compliqué et factice.
Palo Alto fait donc découvrir une poignée d’adolescents dans leur monde : le lycée, la maison, et surtout ailleurs. Ces jeunes gens ont comme point commun d’être la plupart du temps livrés à eux-mêmes sans que les figures parentales ne soient réellement présentes. Plus particulièrement deux jeunes : April qui commence à s’intéresser aux garçons sans avoir jamais connu d'histoire d’amour réciproque, et Teddy qui après un accident de la circulation est déjà soumis à une période de probation où le moindre délit pourrait l’envoyer en prison. La réalisatrice dépeint une adolescence plutôt sombre, qui contraste avec le soleil de Californie, ici peu glamour. A la manière d'un Van Sant ou d'un Clark, elle montre que le groupe permet autant de tromper sa solitude que de se découvrir soi-même. Il est bien plus facile de faire semblant qua,d rien n’est vraiment important en répondant ‘whatever’ ou ‘nevermind’ plutôt que d’oser demander la seule question qui importe ‘do you love me ?’. Entre la difficulté de grandir (la sexualité) et l’envie de grandir trop vite (la violence) ils se retrouvent entre eux pour des soirées à s’étourdir d’alcool ou à s’enhardir de sensations fortes. Le malêtre extrême.
Le recueil écrit par James Franco était plutôt sombre avec une certaine "street-credibility". Sa transposition en film par Gia Coppola est plutôt mélancolique avec un certain dandysme: le choc des mots est contrebalancé par le chic des images. La réalisatrice montre déjà que la valeur n’attend pas le nombre des années et suit la trace de sa tante Sofia. Gia Coppola avait 26 ans l’année dernière quand le film a été découvert aux festivals de Venise et Toronto. L'envie de grandir est indéniable pour elle. La difficulté aussi, à l'ombre des icônes familiales. Sans doute qu'en allant chercher une autre "famille", un groupe à l'écart des Coppola (James Franco en l'occurrence), fait-elle preuve d'audace. En prenant un mentor de la région et pas du sud de la Californie, un accro du selfie et un touche-à-tout (d'Hollywood au cinéma expérimental), elle ne risquait pas de se facher avec son clan. Mais au moins elle a osé un premier film précis, pointilleux, un peu déjà vu certes, mais il est aussi électrique et aérien. Différent dans le sens où Palo Alto se rapproche plus du regard d'un John Hugues, d'une atmosphère seventies, d'une envie de montrer une jeunesse à vif. Assez jouissif.
Kristofy
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