Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Two Faces of January


USA / 2014

18.06.2014
 



LE TALENTUEUX MONSIEUR RYDAL





« Vous ne seriez pas là si vous n’aviez pas l’arnaque dans le sang. »

Il n’y a rien d’étonnant à constater des similitudes entre The Two Faces of January et Le Talentueux Monsieur Ripley ou Plein Soleil. Tous sont des adaptations de Patricia Highsmith. On y retrouve le même trouble au sein d’un triangle amoureux, l’imposture et la trahison, la menace planante d’un incident… Hossein Amini n’est évidemment pas René Clément ni Anthony Minghella. La mise en scène est plus désuète, moins sulfureuse. Le film est essentiellement sauvé par un triptyque artistique : l’histoire croisée entre un mélo noir et la mythologie grecque, les comédiens masculins et les décors presque allégoriques d’Athènes et de la Crète.

Avec pour toile de fond le mythe de Thésée, les Dieux grecs vont en effet jouer des tours cruels à nos protagonistes : un couple mal-en-point fuyant un passé pas très net et un guide touristique un peu escroc. En jaloux et colérique, Viggo Mortensen s’impose avec minimalisme grâce à son charisme déroutant. Kirsten Dunst, qui a accepté de se vieillir, n’était peut-être pas le meilleur choix, mais son allure de Grace Kelly frigide fait l’affaire pour cette histoire de passion qui ne demande qu’à se réveiller. Oscar Isaac impressionne avec ce mélange de jeunesse candide et de maturité maligne. Tous les trois sont ambivalents et l’affaire devient vite crapuleuse avec un crime imprévu.

De faux-semblants en identités changeantes, le film s’emballe dans son labyrinthe infernal, qui mènera fatalement vers le Minotaure. Une romance macabre, dénuée de remords. Dans ce piège, où les mensonges mènent au meurtre, assez hitchcockien dans ses références, aucun innocent n’est vraiment innocent. La passion se mue en tension psychologique, laissant exploser une violence qui couvait souterrainement. Malheureusement, la réalisation ne renforce ni la frustration, ni la menace de déflagration. Se perdant dans les méandres de personnages égarés, errants, le film semble se laisser écraser par la chaleur grecque. Le périple est certes de plus en plus dur, loin du luxe, presque monacal. La randonnée les éloigne de la civilisation, pour les rapprocher des ruines de Knossos. La joie s’efface maisa tragédie met trop de temps à s’installer.
Il faut attendre l’affrontement entre Thésée/Rydal et Minotaure/Chester pour que la flamme se ravive. Le monstre semble invincible. C’est dans ce dernier quart du film que le spectateur se laisse aller au plaisir coupable de suivre ces deux hommes, liés par le sang, dont l’avenir dépend l’un de l’autre, contre leur gré. Ces deux présumés coupables sont obsédés par leur survie. « les apparences sont trompeuses ».

On se rappelle alors des films comme Le troisième homme, avec cette traque nocturne qui va enfin ferrer le « mal ». En s’achevant entre deux mondes, à Istanbul, cette poursuite redonne une certaine noblesse à un film qui a faillit se précipiter dans le ravin des drames sentimentaux. The Two Faces of January s’avère alors un bon polar, un peu tortueux, parfois facile, trop inégal pour captiver, assez malicieux pour nous séduire. A l’ancienne, sans vouloir nous leurrer, Amini essaie de créer un suspens incertain quand il tue l’enjeu en dévoilant le subterfuge qui aurait pu nous déboussoler, comme les personnages le sont tout au long du film. Mais le cinéaste manque autant d’assurance que d’énergie…
Il faut tout le talent de Mortensen pour nous amener au bout de l’histoire. C’est alors que le Minotaure se métamorphose en Janus. Et qu’il n’y a toujours que deux possibilités dans ces cas là, surtout avec un personnage aussi immoral : être maudit en condamnant son « fils » ou se condamner lui-même Par sa morale, le film est un lointain héritier d’un certain cinéma des années 50. Sans qu’il ne nous revigore, le spectacle flatte nos nostalgies cinéphiliques. Mais cela ne suffit pas à nous rendre ce voyage inoubliable.
 
vincy

 
 
 
 

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