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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Everyone's going to die
/ 2013
09.07.2014
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LOST IN TRANSLATION
"- T’as un peu l’air d’un violeur.
- Merci…
- Pas dans un mauvais sens !"
Petit ovni cinématographique issu du cinéma britannique indépendant, Everyone’s going to die a pour lui son énergie, son humour et son culot, qui viennent aisément à bout de quelques péchés de jeunesse formels comme un certain maniérisme dans la mise en scène et la recherche systématique d’un ton décalé qui finit par en être outré. Dès l’ouverture, avec ses scènes courtes et cocasses qui posent rapidement la situation, on sent que l’on est en face d’une œuvre singulière et générationnelle pleine d’interrogation sur la meilleure manière de mener son existence.
L’ambition de Jones, le duo de cinéastes qui signe le film, est de raconter une histoire où le plus grand adversaire serait la vie, et c’est en partie réussi tant on a l’impression que les deux personnages se débattent avec tout ce qui fait leur quotidien : qui ils sont, où ils vivent, ce qu’ils font… Une réflexion existentielle et profonde que vient sans cesse contrebalancer la légèreté des propos et l’humour de situations souvent complètement absurdes. On aime notamment la famille en deuil qui pense que le défunt s’est réincarné en chat, le comique de répétition lié aux animaux, l’autodérision perpétuelle du personnage féminin qui est toujours en décalage avec ce qu’elle est en train de vivre…
Si le scénario pêche parfois par paresse (en alignant un peu banalement les passages obligés sur fond de musique entraînante) et la mise en scène par ostentation (en abusant des effets arty plutôt poseurs), les acteurs, eux, tirent indéniablement le film vers le haut. Nora Tschirner joue tout en finesse, à la fois mélancolique et caustique, camouflant derrière une indifférence désabusée son mal être et ses doutes, tandis que Rob Knighton et ses faux airs de Mads Mikkelsen a une présence folle, tout en retenue et comme plongé en lui-même. Malgré l’excès de bizarreries qui les accompagne, on ne peut s’empêcher de s’attacher à ces deux âmes perdues en pleine confusion. A l’image du Frances Ha de Noah Baumbach, auquel il fait souvent penser, Everyone’s going to die a en effet un petit côté agaçant qui va de pair avec la sensation de voir enfin un film qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus, à expérimenter et à s’amuser. Puisque de toute façon, on va tous mourir, autant ne pas bouder son plaisir devant la stratégie élaborée par les deux personnages pour repousser l’échéance.
MpM
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