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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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J'aimerais pas crever un dimanche
France / 1998
06.01.99
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LA BELLE AU BOIS DORMANT
"- 10 ans pour baiser en paix entre la pilule et le sida, c'est pas grand chose..."
Le film démarre sur une série de séquences chocs : des plans de partouze dans une morgue, montés très cut en parallèle avec des images flashées d'une rave où une fille fait une overdose sous esctasy...
Puis, le corps de Térésa est amené à la morgue. Ben découvre le corps de cette fille, belle et jeune. Et il la viole. Au départ, on ne comprend pas bien ce plaisir nécrophilique, on le condamne même.
Cet acte répréhensible se transforme en quelque chose de bien, puisque la fille se réveille. Et elle ne porte pas plainte ! Au contraire, elle cherche à mieux connaître son sauveur. Et toute l'histoire tourne entre ces deux êtres, leur rapport à la sexualité, telle qu'elle est vécu aujourd'hui.
Car c'est de cela que veut nous parler Didier Le Pêcheur dans ce film. Avec la pilule, il n'y avait pas de question à se poser. Puis, avec l'arrivée du sida, les rapports à la sexualité ont été modifiés. Pour suppléer à l'acte, on a vu émerger toutes sortes de sexualités qui vont de la consommation de vidéos porno au sado-masochisme, tel qu'il est montré dans le film. Pour le cinéaste, on sent bien qu'il était important d'en parler, de ne plus faire semblant que tout ça n'existe pas. Mais les scènes ne sont pas tombées dans le voyeurisme, puisque le réalisateur filme avant tout ce qui se passe sur les visages à ce moment-là, ce que les personnages ont dans la tête, quel est leur mal être ou leur bien-être...
En ce qui concerne la sexualité, toujours, Ben a été obligé de partir dans des extrêmes pour essayer de garder un peu de sensibilité. A partir du moment où il s'interdit l'acte sexuel dit "normal", il doit aller loin dans les déviances pour retrouver une sensation similaire. Et comme pour la drogue, il est amener à augmenter les doses pour arriver à la même sensation. Ben s'est éloigné de la normalité, et dire "je t'aime" à quelqu'un est devenu le dernier tabou. Il aime probablement Térésa, mais il ne pourra jamais le lui dire. Vers la fin du film, Ben dit à son ami Boris, "Tu as une femme, baise-la !" C'est plus facile d'aller baiser n'importe qui, que de faire l'amour à sa propre femme. Voilà tout le problème de notre époque.
Tous les personnages du film ont ainsi des problèmes dans leurs rapports aux autres. Hélène considère que le couple doit être une espèce d'entente parfaite basée, non pas sur l'acceptation du désir de l'autre, mais sur l'acceptation par l'autre. Mais ça ne peut pas marcher. La communauté de désir n'existe pas. Dans un couple, il n'y a que deux égoïsmes qui s'affrontent et éventuellement désirent s'additionner. chris
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