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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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New York Melody (Begin Again)
USA / 2013
30.07.2014
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LA MÉLODIE DU BONHEUR
Le réalisateur John Carney connait les coulisses de l’industrie musicale autant sinon mieux que celles du cinéma : il était le bassiste du groupe irlandais The Frames. C’est en Irlande qu’il filme avec des amis la rencontre entre un musicien de rue et une jeune femme d’origine tchèque… Ce film Once a fait le tour du monde jusqu’à gagner un Oscar, celui de la meilleur chanson.
Dès lors il a été courtisé par Hollywood pour refaire un autre Once. New York Melody n’est pas vraiment un remake, c’est plutôt un remix américain. Il s’agit d’une autre variation sur deux paumés qui se rencontrent autour d’une guitare et qui vont enregistrer un disque ensemble avec très peu de moyens et beaucoup d’enthousiasme. Leurs histoires sentimentales respectives sont touchantes. On découvre New-York non pas comme une mégalopole luxueuse mais plutôt comme une ville bohème. Keira Knightley chante vraiment. Du coup, la magie opère. New York Melody se révèle être un joli feel-good movie estival qui fait plaisir à voir au milieu des différentes suites de blockbusters.
Cette rencontre musicale plus que sentimentale commence avec humilité. Keira Knightley va chanter toute seule, avec sa guitare acoustique, sur la scène d’un bar de Brooklyn. Une jolie mélodie folk qui va toucher Mark Ruffalo, producteur de musique… On pourrait craindre une comédie romantique qui file droit sur les rails des clichés habituels, mais très vite le film est aiguillé vers un double flashback qui d’entrée de jeu promet une histoire différente. On va alors faire connaissance avec ces deux personnages et leur passé respectif en découvrant plusieurs moments de leur vie avant leur rencontre. Ce triple prologue présente les deux personnages principaux qui souffre d’avoir été rejetés, et que la musique va les réunir. Une scène particulièrement magique révélera Keira seule avec sa guitare et Mark qui la regarde en imaginant plein d’autres instruments autour d’elle. De quoi nous séduire.
New York Melody prend un malin plaisir à nous balader entre possible comédie romantique ou drame sentimental avec en bande-son un amour de la musique pop-folk. Leur vision opposée du métier va se rejoindre à travers la quête d'une authenticité. La petite bande se déplace presque en commando clandestin pour s’installer, jouer et s’enregistrer dans toute la ville : une ruelle, une terrasse, un quai de métro, un parc, un lac, soit autant de séquences charmantes. La musique comme reconstruction de soi-même, sorte de thérapie sociale qui élargit ici son champ à l'amitié. Il s’agit de se donner une nouvelle chance, sujet qui est d’ailleurs mis en relief dans quantité de films américains : le titre original est d’ailleurs Begin again.
Tout le film est porté par la musique qui permet de se soigner et d’aller de l’avant, et dans la vie de se permettre un nouveau départ. Comme si New York Melody était aussi un état de l’industrie musicale avec ce qui est formaté commercial d’un côté et de l’autre des artistes plus fragiles en contact direct avec leur public via internet. Ruffalo voit en Knightley ce que l'industrie musicale à perdue depuis les Rihanna, Lady Gaga et autres Miley Cyrus : talent brut, grâce, belle voix sans artifice. Rien de neuf. Et ironiquement, toutes ces chansons interprétées par Keira Knightley et Adam Levine (chanteur du groupe Maroon 5) sont disponibles sur la bande-originale du film déjà commercialisée. Cohérent de bout en bout, sans être particulièrement spécifique, le film se rapproche ainsi d'un genre où l'on pourrait classer The hottest state de Ethan Hawke (resté inédit en France), ou encore Rencontre à Elizabethtown et Garden State.
Cet ancien musicien passé cinéaste est donc persuadé qu'une chanson révèle une personnalité mais surtout peut changer une vie, et même plus si affinité. le destin faisant le reste, à condition de combattre ses vieux démons. Ici aucun baiser sous un pont avec bel homme, pour le happy ending. Ni sirop ni miel. Juste cet ensorcellement que seul le cinéma peut provoquer avec deux bons comédiens et de la musique. Le film qui ouvre aussi bien les yeux que les oreilles. Mais avant tout celui qui éveille nos sens et nous transporte dans une joie extrême et presque enfantine. On comprend pourquoi alors le coeur bat, au rythme des ritournelles. cynthia, kristofy
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