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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jay & Silent Bob strike back
(Jay et Bob contre-attaquent)
USA / 2001
06.11.02
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DEUX CLOCHES, PAS D'ASSOCIES
"- La ferme où je te butte dans tes bottes de tapette!
- Oh j'ai des bottes de tapette, 'fallait me le dire…"
Pas facile de tourner la page lorsqu'on est un éternel ado impénitent. Kevin Smith, la trentaine passée n'a donc pas pu s'empêcher de renouer avec les personnages qui ont fait sa gloire, en tout cas qui l'ont rendu culte au près d'une certaine audience, pour commettre le film de trop, celui qui met avant tout en évidence ses limites. Portés sur la régression, vous apprécierez peut-être l'humour débile qui renvoie au prépubère qui souffre de démangeaisons compulsives du bas ventre. Vous vous sentirez peut-être concernés par les références subculturesques qui déclencheront une nostalgie irrésistible dans vos mémoires enfantines. Il reste qu'agencé avec aussi peu d'inspiration et un sens du rythme bien pesant, ce qui aurait du se voir comme une farce irrévérencieuse et fantaisiste s'inflige très vite comme une expédition punitive.
L'histoire est prétexte à enchaîner une série d'hommages dispensables puisque déjà usés à force d'être célébrés dans bon nombre de parodies, mais surtout à mettre en situation le duo dégénéré post grunge au potentiel un peu surestimé. Car à haute dose, il est clair que l'ami Jay, qui l'ouvre essentiellement pour sortir des inepties consternantes ne franchit même plus le deuxième degré tant le manque d'envergure des propos tenus est sidérant. Une connerie paresseuse donc, supposée être revendiquée et assumée fièrement en tant que style de vie dans son excès d'accumulations par le réalisateur et son public, mais plus forcément cautionnée avec une vigueur de toute première fraîcheur. En effet à la longue même le peu expansif Bob, interprété par Smith en personne, semble marquer le pas et se fatiguer des gesticulations puériles et bruyantes de son acolyte en pleine compétition de drôlerie lourdingue avec le chimpanzé bruiteur de pets. Un manque de convictions dans les engagements artistiques peut-être? Le réalisateur a connu beaucoup de revers (insuccès, attaques diverses) qui paraitraient l'avoir atteint dans son naturel et le pousseraient à se sentir quelquepeu revenchard tel le teenager grognon et incompris qui s'exprime par une ultime bravade... aussi constructive qu'un bras d'honneur. Et bien peu ambitieuse dans le propos.
Kevin Smith passionné de comics, de séries télé, de film de genre finit par s'en prendre à ses semblables, les fans intégristes, en leur bottant carrément le cul. Se gardant de prendre au sérieux son statut d'auteur, par fausse modestie, il ne parvient pas plus à composer avec celui du simple admirateur qu'il était. Tantôt touriste émerveillé en visite à Hollywood cherchant à faire partager ses rêves naïfs, tantôt cinéaste qui fait partager ses désillusions face au cynisme imposé par le fric, Kevin Smith a bien du mal à y retrouver ses petits dans la confusion. Bienvenue dans l'âge adulte, l'accouchement est laborieux et tardif...
Paumés en totale schizophrénie, les zéros sont fatigués et fatiguants. Il ne reste plus à Kevin Smith qu'à tirer sa révérence sur les souvenirs de ses tendres années, chose qu'il fera dans les derniers plans avec la larme à l'œil appuyée mais visiblement sincère. On lui souhaitera plus de réussite dans la maturité, mais on lui recommandera d'oublier la caméra si d'aventure il lui prenait l'envie de refaire un tour sur son premier tricycle. A ce stade, c'est déjà plus trop raisonnable… petsss
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