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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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22 Jump Street
USA / 2014
27.08.2014
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Y A-T’IL DEUX FLICS POUR SAUVER UN POULPE ?
«- Tu me dois une Lamborghini, salope !»
Tout est question d’équilibre : le Yin, le Yang. Le beau gosse, le bon gros, le boulet cérébral et le boulet à gros bras. Les complices Channing Tatum et Jonah Hill refont équipe dans cette suite de 21 Jump Street. Comme c’est si bien dit, « personne ne s’attendait à ce que Jump Street soit relancé, mais vous avez eu de la chance : le budget est doublé ». Alors ils s’amusent ouvertement. Deux tocards assez délirants qui pourraient faire des étincelles si le scénario n’était pas si convenu, pour ne pas dire un peu faible. C’est dommageable car il y a de bons gags et les personnages, principaux comme secondaires, nous régalent avec leurs défauts.
Puisque le QG a déménagé sur l’autre trottoir, au 22 Jump Street, il fallait « upgrader » toute l’histoire. On passe du lycée à la fac, dans le pur style américain (il suffit de revoir Monstres Academy de Pixar). Mais globalement, rien ne change. D’ailleurs, c’est dans le cahier des charges de leur boss : « faites comme la dernière fois, tout le monde sera content ».
Il n’y a donc rien de spectaculaire. Les vieilles recettes font les meilleures scènes. Le film se laisse aller à suivre les deux comédiens, qui excellent dans l’auto-dérision. Leur alchimie « fraternelle » et tendancieuse fonctionne parfaitement. Les scénaristes ont imaginé quelques joyeuses scènes burlesques (l’attaque du poulpe reste la meilleure), un humour décalé, voire une mise en abîmes des comédies policières avec poursuites absurdes, combats tocs et espionnage de pacotille. On est plus proche d’un Zucker Abraham Zucker que d’un Arme Fatale dérivé. De toute façon, la petite trentaine, infiltrés à la fac, ces flics ont déjà « passé l’âge de ces conneries ». Ils en font du coup un peu trop pour exploiter une scène jusqu’à la moelle. Mais Jonah Hill est réellement attendrissant en gamin blessé, paumé, complexé et inadapté. Et Channing Tatum lui rend bien le change en frimeur manquant de reconnaissance.
Cependant, à trop se reposer sur le duo, compères ou paire con, le film en oublie d’avoir un fil conducteur palpitant. Plus farceur qu’aventureux, 22 Jump Street devient presque potache. Graveleux, avec des sous entendus crypto-gays, moqueur (les bibliothèques, ce lieu inutile et idéal pour un trafic de drogue), la comédie s’aventure davantage vers le cartoon où les losers sont indestructibles et les winners juste chanceux.
Ainsi, malgré son rythme inégal, ses tonalités trop changeantes pour donner une œuvre véritablement consistante, son récit facile (et prévisible), cette « gross comédy » charme car la relation entre les deux flics ratés est attachante. Le film tend d’ailleurs un miroir à nos doubles, qui sont pourtant autre : frères jumeaux, faux frères, père et fille (côté gentils et côté méchants). La dualité est partout : complémentaire ou illusoire.
Le plus drôle reste quand même le générique final qui imagine, séquences et posters à l’appui, les suites de cette franchise : 23 Jump Street, 24 Jump Street, … 30 Jump Street, 31 Jump Street, etc… On sait déjà qu’ils iront à la fac de médecine, à l’école vétérinaire, dans des cours de cuisine, dans des échanges linguistiques, dans une académie militaire, chez les pompiers. Cet enchaînement hilarant se rit d’Hollywood: quelques problèmes de contrats produisent des changements (provisoires) de casting.
Ce mauvais esprit aurait mérité d’être constant dans le film. A défaut, un 23 Jump Street (on leur proposera des ponts d’or vu le succès du film) pourrait avoir lieu dans un studio hollywoodien. Pour le coup, la satire serait cohérente.
vincy
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