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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Boys Like Us
France / 2014
03.09.2014
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MÂLE ÊTRE
«- ça vous plaît l’Autriche ?
- C’est hyper reposant, c’est calme.
- Dans Shining aussi c’est calme. »
Ça débute avec une rupture, dans un magasin de sport (glauquissime), une césure culturelle, et une séparation amicale, mais c’est pour mieux tendre vers une histoire de réconciliation, avec soi et avec les autres. Boys Like Us laisse cependant les spectateurs sur le carreau tant le film, certes audacieux, est confus. On se retrouve à l’écart de cette symbiose amicale.
L'histoire repose sur un trio gay, relativement stéréotypé (homo=cliché comme ils disent) : le comédien, joli minet et romantique, le hipster barbu et cumulant les plans cul, le hors-milieu, qui veut rompre avec le milieu. Trois névrosés hypersensibles qui vont passer quelques jours dans le pays de Freud. Que la montagne est belle mais que l’Autriche paraît si étrangère à un parisien… Là-bas, les appartements sont toujours nickels, les panneaux d’indication sont respectés à la lettre (si on parle allemand en tout cas), les boîtes de nuit provinciales diffusent des musiques expérimentales.
Pire, Boys Like Us a de la difficulté à nous faire aimer son trio hystérique, dépressif et déséquilibré/ Si l’on s’attache rapidement à Gabriel, on peine à sympathiser avec Nicolas et on reste indifférent à Rudolf. Certes le film évoque la complexité d’aimer et de s’aimer, mais pourquoi ne pas vouloir les rendre aimables ? Tout cela est sans doute subjectif, mais parallèlement, les trois personnages ne sont pas traités à égalité. Accrochés à leur routine, à leur passé, on pourrait les croire au bord de l’implosion. Mais puérils (souvent) et inintéressants (finalement), ils ne sont même pas aidés par un enjeu dramatique ou un fil narratif intriguant.
Car en plus, l’écriture est étrange, oscillant entre des références narratives à la Rohmer et à la Godard, et des trames sonores rappelant Hitchcock ou des fresques cinématographiques d’antan. Visuellement, c’est tout aussi baroque : le temps file avec une succession de plans fixes (ou de photos) dans un premier temps avant de s’embarquer dans des séquences décousues, du comique de répétition aux traditionnelles incompréhensions culturelles (l’Autriche semble si particulière) qui se veulent burlesques. Les dialogues sont composés de conversations anodines ou de traductions pédagogiques. Des échanges sur la vie comme on peut en avoir avec ses amis. Oscar Wilde disait qu’il adorait parler de rien, car c’était le seul domaine où il avait de vagues connaissances.
Mais, au cinéma il n’y a pas de quoi emballer un spectateur, qui cherche un sens à tout ça. Or, dès que le scénario s’aventure vers un peu plus de profondeur, on se perd entre l’insensé et le signifiant, l’insignifiant et le surplus de sens. Mélangeant l’absurde (séquence philosophique en faisant du trampoline) et le psychologique (au bord du pathétique), les moments réellement embarrassants et les échanges cathartiques, la musique envahissante et les longues scènes un peu vaines, Boys Like Us frustre de tant de tentatives avortées.
De cette successions de banalités, on ne retient rien. Que Rudolf clame que « pour lutter contre le chaos, il faut des règles », et que « l’ordre c’est la beauté », est même assez ironique tant le film est chaotique et désordonné. Touchant ponctuellement, par la solitude et l’errance des protagonistes, cette détresse amoureuse souffre d’un rythme inconstant. Sans doute le désir de faire du cinéma sans le matériau nécessaire. Désir trop visible, comme quelqu’un qui veut trop prouver son amour. Mais en passant à côté de l’histoire, le scénario oublie de s’intéresser à l’autre, celui qui la regarde. Comme ces mirages qui poussent le trio vers un final surréaliste, gênant, certes un peu funky. Inside joke du réalisateur ? A coller ses idées, ses dialogues et ses images, il rend un brouillon sympathique, sans queue ni tête, trop égocentrique pour que nous adhérions à ce délire déprimant.
vincy
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