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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les recettes du bonheur (The Hundred-Foot Journey)
USA / 2014
10.09.2014
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SAVEURS ET DÉPENDANCES
Un prologue en Inde nous montre la passion de la famille Kadam pour la cuisine. Ils ont à cœur de transmettre leur art culinaire à leurs enfants, en particulier à Hassan. Une émeute brutale sera tragique - la mère décédée dans le restaurant en feu - et provoque leur départ pour l’Angleterre puis quelques années plus tard pour la France. Le père Kadam et sa famille se retrouve en Provence dans une camionnette qui tombe en panne dans un charmant village où une vielle bâtisse abandonnée est à vendre : ils ont trouvé l’endroit où s’installer pour ouvrir un restaurant indien. Après une quinzaine de minutes de film le séduisant Hassan (Manish Dayal) est secouru par la jolie Marguerite (Charlotte Le Bon) qui préparera à lui et sa famille un repas typiquement français de bons produits bio cultivés sur place... L'amour est dans le pré?
Le réalisateur Lasse Hallström avait déjà mélangé jolis paysages français et beaux sentiments dans Le Chocolat. Une nouvelle fois, il nous propose une tendre romance dans un petit village français de carte postale. On est loin de la préparation spectaculaire des aliments comme dans Le festin chinois de Tsui Hark et de la découverte des spécialités indiennes comme dans Jadoo de Amit Gupta, mais Les recettes du bonheur est tout à fait le genre de feel-good movie qui joue avec les attentes et l'appétit du spectateur. Le vieux bâtiment à remettre en état deviendra un établissement magique et lumineux, le 'Maison Mumbai'. Et pour corser toute cette suavité, il y a juste en face le prestigieux restaurant fier de son étoile Michelin et de son menu du terroir, dirigé d'une main de fer par Madame Mallory (Helen Mirren) qui voit d’un très mauvais œil l’arrivée de cette concurrence exotique… Il va y avoir un affrontement entre les deux genres de cuisine, la gastronomie française avec sa base de cinq sauces (tomate, velouté, béchamel, espagnole…) et la cuisine indienne avec sa base de dizaine d’épices. Ils vont se jouer ouvertement des mauvais tours comme acheter les ingrédients de l’un sur le marché ou détourner les clients de l’autre, tandis que en secret la sous-chef du restau français, Marguerite, aide le chef de l’indien Hassan, forcément sous son charme…
Lady Helen Mirren est venue en personne présenter le film à Deauville où elle a charmé les festivaliers en parlant en français presque parfait avec un délicieux accent british : elle est en fait une grande francophile qui a habité pendant plusieurs années en France. Elle aurait d’ailleurs souhaité pouvoir jouer dans ce rôle en parlant uniquement en français. Elle était accompagnée de Manish Dayal et de Charlotte Le Bon, qui ont confiés leur recette préférée : Helen aime les spaghettis car c’est autour de ce plat que ses parents se sont rencontrés dans le rare restaurent italien dans Londres d’avant-guerre, Manish préfère le riz basmati avec du dal sucré comme lui faisait sa mère, et Charlotte craque pour le pudding aux framboises de sa grand-mère.
Dans le film beaucoup de plat font faire saliver, la séduction naissante entre Charlotte Le Bon et Manish Dayal est irrésistible tout comme les piques entre Helen Mirren et Om Puri. Le mélange des deux cultures va peu à peu s’opérer comme par magie, avec la nourriture comme langage commun sur le thème ‘l’amour est l’épice de la vie’.
Des marchés aux cuisines, de la comédie aux sentiments, en passant par quelques drames : tout le menu est fait pour plaire au plus grand nombre, sans trop de prétention. Bien sûr, le film n'a rien d'un plat gastronomique d'un chef étoilé. Evidemment, la France qui est montrée est trop nostalgique et "fantasmée" pour refléter une quelconque réalité. Il y a un coté "fait-maison" mais il n'y a aucune originalité. Cependant, en montrant que même l'Inde peut s'intégrer à la France profonde, le film rêve d'unee société métissée, une sorte de mondialisation heureuse, qui a des airs de conte de fée. Et en ces temps sombres, un peu de bonheur, même avec de vieilles recettes, ne peut pas nuire au spectateur. Kristofy
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